L’Indice mondial de l’innovation 2013
Par Catherine Jewell, Division des communications de l’OMPI, et Sacha Wunsch-Vincent, Division de l’économie et des statistiques de l’OMPI
Dans un contexte économique mondial marqué par l’incertitude, les responsables de l’élaboration des politiques mettent l’accent sur l’innovation comme moyen de stimuler la croissance, de générer de l’emploi et d’accroître la compétitivité. Mesurer les capacités et la performance des différents pays du monde en matière d’innovation est en effet essentiel pour évaluer les progrès et établir les priorités. L’Indice mondial de l’innovation 2013, qui en est désormais à sa sixième édition, a su s’imposer comme un outil de référence de premier plan s’agissant de l’évaluation des résultats de différents pays du monde en matière d’innovation. Il comprend des indicateurs détaillés et un guide pratique à l’intention des décideurs politiques pour les aider à mieux définir les mesures à prendre pour encourager l’innovation et obtenir de meilleurs résultats nationaux dans ce domaine. Outre le classement des capacités d’innovation et des résultats de différents pays qu’il propose, l’Indice mondial de l’innovation (GII) cherche à mieux comprendre la dynamique du processus d’innovation, aux multiples dimensions. L’édition 2013 se concentre sur la dynamique de l’innovation au niveau local et montre le rôle fondamental joué par les pôles d’innovation, à l’image de la Silicon Valley aux États-Unis d’Amérique ou de Daedeok Innopolis en République de Corée, dans le déclenchement d’un cercle vertueux d’innovation, de croissance et de création d’emploi. Le GII 2013 apporte des éclairages intéressants sur l’évolution constante du paysage mondial de l’innovation. Ses principales conclusions sont présentées ci-après.
Tandis que la reprise économique mondiale progresse de manière lente et inégale, le GII met en lumière le rôle de l’innovation comme fondement de la croissance à venir. “L’innovation est un puissant moteur de croissance économique et le plus grand vecteur de réussite économique dans une économie mondiale où le savoir et les biens incorporels occupent une place de plus en plus importante au niveau de la production et de la distribution. Synonyme d’avantage concurrentiel pour les entreprises, les industries et les grandes sociétés, elle est à ce titre de plus en plus souvent à la base de la concurrence qu’elles se livrent”, a déclaré le Directeur général de l’OMPI, M. Francis Gurry, à l’occasion de la publication du GII 2013. “L’innovation est également la plus grande source de progrès qui soit en ce qui concerne la qualité de notre vie matérielle”, a-t-il ajouté en attirant l’attention sur son potentiel en termes d’amélioration de la situation sanitaire, de renforcement de la sécurité alimentaire ou de lutte contre les menaces du changement climatique.
Le GII 2013 a été lancé lors du débat de haut niveau du Conseil économique et social des Nations Unies qui s’est tenu le 1er juillet 2013. Celui-ci était essentiellement consacré au rôle de la science, de la technologie et de l’innovation ainsi qu’au potentiel de la culture en tant qu’instruments favorisant la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement et le développement durable.
Des dépenses de recherche-développement à la hausse
L’Indice mondial de l’innovation 2013 montre que l’innovation “se porte bien”. Malgré les difficultés que traverse actuellement l’économie mondiale, la situation est globalement positive pour l’innovation, les dépenses en recherche-développement dépassant les niveaux de 2008 dans la plupart des pays. “Les dépenses en recherche-développement n’ont jamais connu un niveau aussi élevé dans le monde”, indique le rapport. Après un net recul en 2009, “les États et les entreprises ont recommencé à investir dans la recherche-développement et l’innovation”, ont déclaré Soumitra Dutta, corédacteur du rapport et doyen du département Anne et Elmer Lindseth de la Samuel Curtis Johnson Graduate School of Management, à l’Université de Cornell. Dans plusieurs pays développés et émergents, les dépenses brutes en recherche-développement affichent une tendance positive à la hausse avec une croissance à deux chiffres pour des économies comme la Chine, l’Inde, l’Indonésie ou la Malaisie. Parallèlement, il ressort que de manière générale, les marchés émergents ont augmenté leurs dépenses en recherche-développement plus rapidement que les pays à revenus élevés.
Classement
Pour la deuxième année consécutive, la Suisse et la Suède sont en tête du classement, avec des résultats très élevés sous tous les indicateurs, suivies du Royaume-Uni, des Pays-Bas et des États-Unis d’Amérique. “Les 25 premières places du classement sont occupées par des pays répartis dans le monde entier, en Amérique du Nord, en Europe, en Asie, en Océanie et au Moyen-Orient”, a indiqué M. Dutta, soulignant l’évolution géographique de l’innovation et son caractère mondial. “La répartition géographique de l’innovation n’a jamais été aussi équilibrée”, a-t-il ajouté.
Si les 25 premières places du classement sont essentiellement occupées par des économies à revenus élevés, la bonne nouvelle est que plusieurs nouveaux acteurs comme la Chine, le Costa Rica, l’Inde ou le Sénégal distancent rapidement leurs homologues.
Des écarts subsistent en matière d’innovation
Le classement fait néanmoins apparaître que “des écarts subsistent en matière d’innovation”. Si certains pays parmi les 25 premiers du classement ont changé de position, il n’y a eu aucune entrée ni aucune sortie au sein de ce groupe en 2013. Selon M. Dutta, l’une des explications de ce phénomène est que la réussite en matière d’innovation se traduit par l’apparition d’un cercle vertueux selon lequel, une fois qu’un seuil critique a été atteint, les pays attirent de nouveaux investissements et de nouvelles compétences, ce qui stimule l’innovation.
Les apprentis dans le domaine de l’innovation progressent rapidement
Le classement fait état de progrès rapides et substantiels réalisés par les “apprentis dans le domaine de l’innovation”. Dix-huit pays émergents devancent les autres pays de leur groupe de revenus respectif, à savoir (par ordre de résultats), la République de Moldova, la Chine, l’Inde, l’Ouganda, l’Arménie, le Viet Nam, la Malaisie, la Jordanie, la Mongolie, le Mali, le Kenya, le Sénégal, la Hongrie, la Géorgie, le Monténégro, le Costa Rica, le Tadjikistan et la Lettonie.
De toutes les régions, l’Amérique latine est de loin celle qui a connu la plus nette amélioration au classement, avec le Costa Rica en tête du classement régional. “Bien que d’après nos conclusions, des défis redoutables subsistent pour bon nombre de nouveaux intervenants, il existe aussi des exemples de réussite surprenants dans le domaine de l’innovation, y compris dans certains des pays les plus pauvres. C’est une source d’optimisme pour l’avenir de l’innovation et la reprise économique au niveau mondial”, a expliqué M. Bruno Lanvin, corédacteur du rapport et directeur exécutif de l’Initiative de compétitivité européenne de l’INSEAD.
Une nouvelle dimension : la dynamique de l’innovation au niveau local
Le rapport 2013 jette un nouvel éclairage sur la dynamique de l’innovation au niveau local. “Des pôles d’innovation dynamiques se multiplient dans le monde malgré la fragilité de l’économie mondiale. Ces pôles tirent parti des avantages présents localement tout en conservant une vision globale des marchés et des compétences”, a déclaré M. Francis Gurry. “L’existence au niveau local de pôles ou de concentrations d’universités, d’entreprises, de prestataires de services et de fournisseurs spécialisés est essentielle pour faciliter l’innovation”, a-t-il ajouté en attirant l’attention sur l’intérêt particulier qu’ils présentent pour les pays en développement cherchant à renforcer leurs capacités en matière d’innovation.
Les regroupements permettent de doper la compétitivité en créant des réservoirs de talents, de savoir-faire, de compétences et de ressources. Ils ont un effet multiplicateur sur l’économie en encourageant les industries de haute technologie, du savoir ou de la création, en favorisant l’excellence en matière de recherche, en attirant des multinationales et en stimulant la création d’entreprises dérivées. Le rapport montre que si les pôles d’innovation ne répondent pas tous au même modèle, ils ont systématiquement à leur tête une grande entreprise qui joue un rôle fondamental dans leur évolution et leur réussite. “Ces entreprises chefs de file appuient les pôles d’innovation en leur apportant des fonds et des contacts, en facilitant la création et le partage de connaissances et en servant de passerelles pour la commercialisation de nouveaux concepts”, a indiqué M. Cesare R. Mainardi, président-directeur général de Booz & Company. L’étude, contenue dans le rapport, sur la manière dont des facteurs locaux particuliers et des connaissances tacites influent sur l’innovation et la façonnent fournit de précieux renseignements sur “la façon dont les modèles d’innovation ont pris forme et porté leurs fruits dans différents contextes et les facteurs qui ont contribué à leur succès. Elle peut également contribuer à établir comment reproduire ces modèles dans des situations identiques ou comment les adapter dans des situations analogues”, a expliqué M. Chandrajit Banerjee, directeur général de la Confédération des industries indiennes. Le GII 2013 étudie chaque maillon de la chaîne de valeur, définit et analyse chacun des facteurs déterminants de la réussite des systèmes d’innovation au niveau local ainsi que leur capacité à introduire de nouveaux concepts sur le marché, y compris, par exemple, l’accès aux financements et aux marchés et le rôle des pépinières d’entreprises et des programmes de transfert de technologie.
Le GII est une lecture incontournable pour les responsables de l’élaboration des politiques résolus à exploiter le pouvoir de transformation de l’innovation pour répondre aux problématiques liées à la croissance économique, à l’emploi et à la compétitivité.
Le rapport s’appuie sur les critères traditionnels de mesure de l’innovation et donne un aperçu global de “l’alchimie de l’innovation” et de l’état d’esprit nécessaire pour stimuler l’innovation. “L’innovation ne saurait se résumer à un simple processus. Il s’agit d’une conviction, d’une philosophie qui fait partie intégrante des éléments fondamentaux que constituent la gouvernance, la durabilité, l’efficacité et l’agilité face à la concurrence nécessaires pour produire de la valeur”, a fait remarquer M. Osman Sultan, président-directeur général d’Emirates Integrated Telecommunications Company PJSC (du).
L’un de principaux atouts du GII est qu’il fournit un cadre permettant de suivre et de mieux comprendre le caractère évolutif de l’innovation et quels nouveaux moyens sont mis en œuvre pour la favoriser. “Il offre une cadre qui évolue au gré de la disponibilité des données relatives à un large éventail de pays et de notre meilleure compréhension de l’innovation”, a indiqué M. Gurry. “Le GII a pour objectif de tracer les grandes lignes de l’écosystème de l’innovation en termes de ressources et de résultats et de jauger les performances respectives des pays à l’aune de ces ressources et résultats, ce qui permet aux gouvernements de disposer d’indicateurs sur lesquels ils pourront s’appuyer pour améliorer leurs capacités en termes d’innovation. Nous sommes convaincus que le GII ouvre la voie à la mise en œuvre dans le monde de politiques plus efficaces et plus éclairées dans le domaine de l’innovation.”
“Compte tenu de la mondialisation de l’économie, l’innovation d’où qu’elle provienne peut être un moteur de changement et constituer une source de nouvelles opportunités n’importe où dans le monde. Quiconque perçoit l’innovation comme un catalyseur de développement économique et social se doit de rester attentif à la façon dont l’innovation peut transformer les industries, les entreprises et la vie des gens non seulement au niveau local mais à l’échelle de la planète”, a indiqué M. Li Yingtao, président d’Huawei Technologies’ 2012 R&D Laboratories.
Le GII est une lecture incontournable pour les responsables de l’élaboration des politiques résolus à exploiter le pouvoir de transformation de l’innovation pour répondre aux problématiques liées à la croissance économique, à l’emploi et à la compétitivité.
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