Le Dr Jan Worst a été le précurseur de la lentille intra‑oculaire de type "Iris Claw", à la fin des années 70 (photo : Ophtec).
Les lentilles intra‑oculaires artificielles implantables, dont le père est l'ophtalmologue anglais Sir Nicholas Harold Lloyd Ridley, ont été démocratisées à la fin des années 40, permettant d'améliorer la vision des patients souffrant de cataracte (opacité totale ou partielle du cristallin). Les cataractes sévères sont en général traitées par ablation totale ou partielle du cristallin, la conséquence étant la survenue d'une aphaquie (du grec "an" et "phako", sans lentille). Les patients souffrant d'aphaquie ont un champ de vision limité et une difficulté extrême à accommoder de près et de loin. Les lentilles intra‑oculaires modernes permettent à ces patients de retrouver toute ou presque toute leur vision ainsi "perdue". Si, initialement, ces lentilles servaient uniquement à traiter les patients aphaques, l'innovation radicale, en 1970, du Dr Jan Worst, chirurgien et ophtalmologue expérimenté de l'Ophthalmological Medical Center North (OMCN) de Groningen (Pays‑Bas), a rendu possible l'implantation de ces lentilles chez les patients phaques (du grec "phakos", signifiant lentille et, en ophtalmologie, cristallin). Conçue pour être implantée chez les patients non opérés de la cataracte, cette lentille pour la commercialisation de laquelle le Dr Worst créa une entreprise portant le nom d'Ophtec BV (ci‑après dénommée "Ophtec") est devenue un type de traitement efficace, très demandé, de la myopie sévère, de l'hypermétropie, de la presbytie (perte de la faculté de focaliser), de l'aphaquie et de l'astigmatisme (vision floue).
Dans les années 60, le Dr Worst, qui traitait des personnes atteintes de cataracte à l'OMCN, était à la recherche d'un moyen permettant à ses patients de retrouver leur vue initiale après extraction du cristallin. Il axa ses travaux initiaux de recherche‑développement (R‑D) sur les lentilles intra‑oculaires à appui angulaire, mises au point dans les années 50 pour corriger la myopie sévère. Très intéressé par leur potentiel, le Dr Worst fut vite acquis à l'idée que ces lentilles artificielles pouvaient remplacer le cristallin de l'œil humain.
Bien que ces lentilles à appui angulaire permettent de traiter avec un certain succès des patients atteints de myopie sévère, le Dr Worst avait constaté qu'elles étaient à l'origine de nombreuses complications sérieuses. Ainsi, de nombreux patients perdaient des cellules vitales de l'endothélium cornéen (couche unique de cellules à la surface interne de la cornée) et souffraient d'hyphéma (hémorragie dans la chambre antérieure de l'œil). Ces lentilles avaient aussi pour inconvénient de rester en contact avec le tissu de la chambre antérieure de l'œil, ce qui pouvait engendrer des complications imprévues dont un ramollissement. Le Dr Worst arriva donc à la conclusion que les lentilles intra‑oculaires à appui angulaire ne constituaient pas une solution à long terme pour les patients aphaques.
À la fin des années 60, le Dr Worst eut connaissance de l'existence d'une lentille mise au point par le Dr Cornelius Binkhorst, fixée sur la pupille. S'inspirant de cette lentille de Binkhorst, il conçut une lentille intra‑oculaire pouvant être fixée directement sur l'iris (partie colorée de l'œil entourant la pupille, noire) par un point de suture, ce qui permettait de supprimer l'utilisation systématique de gouttes ophtalmiques, offrait une fixation solide et n'avait pas de répercussion néfaste sur les mouvements de la pupille. Après avoir mis au point différents prototypes, il affina son invention en remplaçant, pour la fixation sur l'iris, le point de suture par une pince : c'est ainsi qu'est née la célèbre lentille intra‑oculaire de type "Iris Claw", fixée par des pinces (ou clippée) à deux endroits sur l'iris sans modification de la fonction mécanique de l'iris, ni dilatation de la pupille. En 1970, le Dr Worst présenta à une réunion d'ophtalmologie sa lentille intra‑oculaire pour les patients aphaques mais se heurta au scepticisme de ses confrères.
Instruments servant à l'implantation de la lentille de type "Iris Claw" (recherche dans Patentscope, n° de publication : 1 467 688).
En 1978, le Dr Worst réussit à mettre au point et à fabriquer la LIO de type "Iris Claw" ainsi que les instruments et procédé nécessaires à son implantation par chirurgie. Peu de temps après, il lança dans des régions rurales de l'Inde et de la République islamique du Pakistan un programme d'utilisation de la lentille de type "Iris Claw" pour traiter les personnes devenues aphaques à la suite d'une opération de la cataracte. Devant le succès remporté par ce programme, le Dr Worst comprit que si la lentille de type "Iris Claw" donnait d'aussi bons résultats chez les patients aphaques, elle pouvait donner exactement les mêmes chez les patients phaques.
En 1980, il mit au point une version améliorée de la lentille, qu'il implanta chez un patient souffrant de diplopie. Cette nouvelle lentille opaque devait servir de base à la première lentille de type "Iris Claw", conçue spécialement pour les patients phaques. En collaboration avec le Dr Paul Fechner (Allemagne), le médecin et l'inventeur perfectionnèrent la lentille pour finalement mettre au point une lentille intra‑oculaire biconcave (c'est‑à‑dire concave aux deux extrémités), clippée à l'iris, destinée aussi bien aux patients aphaques qu'aux patients phaques. Cette version améliorée de la lentille de type "Iris Claw" fut appelée lentille Worst‑Fechner.
En 1986, le Dr Worst mit au point une autre version de la lentille de type "Iris Claw", cette fois‑ci pour corriger la myopie sévère des patients phaques; la première implantation réussie de cette lentille eut lieu la même année. Des travaux de recherche‑développement plus approfondis, portant sur d'autres utilisations de la lentille, furent alors menés à bien et, cette même année, une étude de faisabilité d'une durée de cinq ans démarra en Europe. D'autres modifications furent apportées à la lentille de type "Iris Claw" du Dr Worst, tant et si bien qu'une LIO convexe‑concave (convexe d'un côté, concave de l'autre) de type "Iris Claw" vit le jour en 1991. La forme convexe‑concave étant l'une des formes les plus efficaces de correction d'une multitude d'erreurs de réfraction (elle est fréquemment utilisée pour les lunettes et les lentilles de contact), cette nouvelle lentille pouvait servir à corriger aussi bien la myopie que la presbytie chez les patients phaques. Elle fut pour la première fois implantée, avec succès, dans un œil phaque en 1992, pour en corriger l'hypermétropie.
Si l'invention de base demeure la même quels que soient les travaux supplémentaires de recherche‑développement, l'entreprise Ophtec, toujours à la recherche de nouvelles utilisations de la lentille de type "Iris Claw", en met au point des variantes améliorées. En 1996 et en 1999, l'entreprise perfectionna encore cette lentille afin qu'elle puisse être utilisée pour corriger la presbytie et, en 2003, une lentille souple et pliable de type "Iris Claw" vit le jour. En 2006, l'entreprise Ophtec mit sur le marché la lentille torique (terme servant à désigner une lentille associant les formes sphérique et cylindrique) de type "Iris Claw", pouvant servir à corriger l'hypermétropie et l'astigmatisme.
Implantation, dans l'œil humain, d'une lentille Artisan de type "Iris Claw" (photo : Ophtec).
C'est en ayant uniquement à l'esprit ses patients aphaques que le Dr Worst mit au point sa LIO à nulle autre pareille; il comprit toutefois rapidement que cette lentille pouvait convenir aussi aux patients phaques. Son invention se caractérise par deux propriétés uniques, à l'origine de ce résultat, la première d'entre elles étant la forme. La LIO du Dr Worst, dotée d'une courbure intérieure convexe et d'une courbure extérieure concave, présente une forme géométrique spécifique, s'adaptant en tous points à la forme de l'œil. Cette lentille est adaptée à l'anatomie et à la physiologie de la cornée, de l'iris, de l'humeur aqueuse passant par la pupille, ce qui garantit une homogénéité saine de la lentille et de toutes les structures vitales de l'œil.
Seconde propriété – la plus importante : les deux pinces (en anglais, "claws") flexibles, qui fixent la lentille et la maintiennent fermement en place, sont très au‑dessus de la pupille. Elles peuvent être placées d'une manière symétrique ou asymétrique, ce qui permet de fixer en toute sécurité la lentille, dans des conditions optimales, en haut ou au‑dessous de l'iris. Avant l'invention du Dr Worst, les LIO n'étaient pas clippées à l'iris et ne convenaient donc pas aux patients phaques. Mais les deux propriétés caractérisant l'invention du Dr Worst garantissent l'intégralité de la motilité (faculté d'effectuer des mouvements spontanément et activement, consommatrice d'énergie) de la pupille et empêchent tout décentrement (vision floue, dédoublée ou éblouissement). La forme unique de la lentille permet aussi à l'humeur aqueuse (liquide remplissant les chambres entre le cristallin et l'iris) de circuler naturellement par la pupille, ce qui est essentiel à la bonne santé de l'œil.
Afin de garantir la souplesse de mouvement des pinces, la finesse de la lentille, une distance optimale entre la LIO et l'endothélium cornéen (couche de cellules à la surface interne de la cornée, indispensable à la transparence optique) et un indice de réfraction élevé (mesure du pouvoir d'accommodation), tous les éléments de l'invention sont fabriqués dans une matière plastique de qualité, stérilisée, à utilisation clinique, telle que le méthacrylate de polyméthyle (matière plastique légère, transparente et résistante aux chocs) ou le polycarbonate (polymère courant). Bien que l'invention implique une intervention chirurgicale, celle‑ci se limite à une petite incision unique pratiquée dans la cornée de chaque œil pour implanter la LIO. Chez les patients phaques, la lentille est implantée entre le cristallin et l'iris. Chez les patients aphaques, elle est en général implantée au‑dessous de l'iris. La totalité de l'intervention chirurgicale a lieu en ambulatoire, sous anesthésie locale ou générale, et demande environ une heure. La période de rétablissement est en général très brève, la plupart des patients reprenant leurs activités habituelles au bout de quelques jours.
Sûre et efficace, l'invention du Dr Worst permet non seulement de restaurer la vision normale et la faculté d'accommodation chez les patients aphaques mais aussi de réduire ou de supprimer la myopie ou la presbytie de ‑5 à ‑20 dioptries (unité de mesure de puissance de réfraction d'une lentille) chez les patients âgés d'au moins 21 ans qui en ont assez des verres épais et ne souhaitent ni porter de lentilles, ni recourir au LASIK (technique laser in situ keratomileusis, servant à corriger les vices de réfraction). La lentille de type "Iris Claw" présente aussi un certain nombre d'avantages importants par rapport au traitement par LASIK, l'un d'entre eux étant sa réversibilité. Une fois la lentille retirée, l'œil revient à son état initial, ce qui est impossible avec le traitement par LASIK qui détruit une couche de la cornée. Avec la LIO de type "Iris Claw", la cornée centrale demeure intacte, tout comme l'acuité visuelle, ce qui n'est pas le cas avec le traitement par LASIK. En outre, contrairement au traitement par LASIK, elle peut traiter les cas de myopie ou d'hypermétropie extrême.
L'entreprise fabrique ses lentilles à l'aide d'équipements de pointe (photo : Ophtec).
Le scepticisme avec lequel l'invention du Dr Worst fut accueillie lors de sa divulgation en 1970 transforma sa commercialisation en tâche ardue. Pendant les années 70, la LIO de type "Iris Claw", sans cesse améliorée, fut implantée avec succès chez un certain nombre de patients, suscitant ainsi un certain intérêt. "Nous avons tenu bon, campant sur nos positions, attendant que les implants oculaires connaissent un véritable essor pour nous faire réellement connaître", a expliqué le Dr Worst. Un coup d'accélérateur fut donné en 1976, lorsque le Dr Worst se vit décerner le prestigieux Binkhorst Award par l'American Intraocular Implant Society (devenue ultérieurement l'"American Society of Cataract and Refractive Surgery") pour ses travaux novateurs sur la LIO de type "Iris Claw".
Reconnaissant la nécessité de démocratiser la LIO de type "Iris Claw" et désireux de faire connaître au monde les avantages de sa lentille artificielle, le Dr Worst lança en 1978 une campagne d'incitation à l'utilisation de son invention afin de soulager la population des pays en développement atteinte de cécité à la suite d'une opération de la cataracte. C'est ainsi que, avec sa femme, il créa le "Jan Worst Research Group" (JWRG), chargé d'assurer la prestation, à titre gracieux, des services chirurgicaux nécessaires à l'implantation de la LIO de type "Iris Claw" dans des zones rurales de pays en développement. De 1978 à 2001, le JWRG fournit des implants de LIO de type "Iris Claw" à des dizaines de milliers de patients aphaques en Inde, au Népal et au Pakistan. Le groupe mit aussi au point des instruments simples, petits et efficaces pour les opérations de la cataracte, faciles à emporter et utilisés dans des zones rurales dépourvues de l'infrastructure médicale adéquate.
Au début des années 80, le Dr Worst fut récompensé de ses efforts, sa LIO de type "Iris Claw" ayant attiré l'attention de l'industrie ophtalmologique. Mettant à profit cette évolution, le Dr Worst et sa femme commencèrent à travailler sur la promotion et la fabrication, sur une grande échelle, de la LIO de type "Iris Claw". En 1983, le couple créa Ophtec, entreprise privée de fabrication d'instruments de médecine ophtalmologique, ayant pour activités principales la recherche‑développement, la fabrication et la commercialisation de la LIO. "Elle fut le cerveau de tous les aspects commerciaux liés à la lentille", expliqua le Dr Worst à propos du rôle essentiel que sa femme joua dans la commercialisation. "Elle l'a littéralement propulsée dans le siècle suivant". Grâce à son entreprise solidement implantée et devant l'intérêt marqué suscité par la LIO de type "Iris Claw", le Dr Worst put, dès 1990, lancer et commercialiser avec succès son invention en Europe. En 1997, l'entreprise commença des études cliniques sur l'invention aux États‑Unis d'Amérique, qui s'achevèrent en 2003. Durant ces années, plus de 1000 lentilles Artisan furent implantées chez plus de 500 patients, 84% d'entre eux obtenant ainsi une vision de 20/40 (soit un niveau presque parfait, permettant de conduire une automobile sans verres correcteurs dans la plupart des pays) ou une vision supérieure sans avoir besoin de recourir à des lunettes de vue, ni à des lentilles de contact. Grâce à ce résultat, la lentille de type "Iris Claw" obtint l'approbation de la Federal Drug Administration (FDA) des États‑Unis d'Amérique en 2004.
Une fois l'approbation de la FDA obtenue, Ophtec USA Inc. (ci‑après dénommée "Ophtec USA"), filiale nord‑américaine de l'entreprise, conclut des accords de commercialisation avec Advanced Medical Optics Inc. (ci‑après dénommé "AMO"), grande entreprise ophtalmologique ayant son siège aux États‑Unis d'Amérique, chargée de commercialiser la LIO originale de type "Iris Claw" et sa version améliorée, flexible et pliable. Conformément à ces accords (un pour chaque type de lentille), les deux entreprises continuent d'améliorer la conception des LIO et élaborent aussi des systèmes d'implantation compatibles, à utiliser en chirurgie. Les deux entreprises partagent aussi la responsabilité de la mise en œuvre des essais cliniques indispensables aux États‑Unis d'Amérique et de la présentation de tout élément nouveau à la FDA, pour approbation avant commercialisation.
Lorsqu'une nouvelle LIO est approuvée par la FDA, AMO obtient les droits exclusifs de distribution des lentilles aux États‑Unis d'Amérique et au Japon, et peut aussi procéder à une commercialisation en Europe. En février 2009, Abbott Laboratories (ci‑après dénommé "Abbott"), importante entreprise pharmaceutique internationale ayant son siège aux États‑Unis d'Amérique, fit l'acquisition d'AMO, qui devint une filiale détenue à 100% d'Abbott sous le nom d'"Abbott Medical Optics Inc" (ci‑après dénommé "Abbott Medical"). Abbott Medical continue le développement et la commercialisation des lentilles de type "Iris Claw", dans le respect des accords de commercialisation.
En septembre 2011, Ophtec, en sus de son siège social à Groningen (Pays‑Bas), se développa en Europe, ouvrant une filiale – Ophtec GmbH – en République fédérale d'Allemagne. Depuis 2012, l'entreprise a des bureaux à Hong Kong, au Japon, en Espagne, en Afrique du Sud et aux États‑Unis d'Amérique, et son réseau de distributeurs vend les produits Ophtec dans une cinquantaine de pays. L'entreprise poursuit son développement dans le respect de ses traditions, proposant des lentilles intra‑oculaires brevetées de première qualité et une gamme complète d'instruments chirurgicaux ophtalmologiques pour les opérations de la cataracte, la chirurgie réfractive et la chirurgie traumatologique.
Conformément aux traditions de l'époque, la LIO du Dr Worst avait été "baptisée" "lentille Worst" dans les milieux de la médecine ophtalmologique. Conscient du fait qu'un tel nom pouvait éventuellement avoir une connotation négative et prêter à confusion dans l'esprit de ses patients, le Dr Worst renomma son invention en 1978, qui devint la lentille de type "Iris Claw". Les travaux de R‑D se poursuivant, la lentille fut modifiée et améliorée, diverses versions étant mises au point; mi‑1980, la lentille de type "Iris Claw" n'était plus synonyme d'aphaquie. Lorsque la lentille fut perfectionnée en 1986 afin de corriger la myopie chez les patients phaques, Ophtec comprit qu'il était nécessaire de lui donner un nom différent. Elle l'appela donc lentille Artisan, continuant de la commercialiser sous ce nom en Europe et dans la plupart des autres régions. La version souple et pliable de la lentille de type "Iris Claw" est commercialisée sous le nom d'Artiflex. Parce que l'accord de commercialisation passé entre Ophtec et Abbott Medical porte sur certains points de propriété intellectuelle tels que les marques enregistrées de grande valeur, la lentille est commercialisée sous le nom de Verisyse aux États‑Unis d'Amérique. Conformément à l'accord de commercialisation passé entre Ophtec et Abbott Medical, la version souple et pliable de la lentille Artisan doit être commercialisée sous le nom de Veriflex. À la mi‑2012, Veriflex faisait l'objet d'une étude de la part de la FDA.
Demande de brevet déposée par le Dr Worst pour sa première LIO de type "Iris Claw"
(demande n° 4 215 440 auprès de l'USPTO).
Anticipant le succès de la commercialisation de son invention, le Dr Worst fit une utilisation prodigieuse et stratégique du système de propriété intellectuelle. En septembre 1978, il déposa une demande de brevet pour sa LIO aphaque de type "Iris Claw" auprès de l'Office des brevets et des marques des États‑Unis d'Amérique (USPTO) et aussi auprès de l'Office de la propriété intellectuelle du Canada (OPIC). Un brevet fut délivré en août 1980 par l'USPTO et en novembre 1982 par l'OPIC. Une autre demande portant sur la LIO phaque de type "Iris Claw" fut déposée auprès de l'USPTO en mai 1991, le brevet étant délivré en mars 1993.
Pour maintenir son avantage concurrentiel et multiplier ses possibilités de commercialisation de la lentille phaque de type "Iris Claw", le Dr Worst déposa, en mai 1991, une demande selon le Traité de coopération en matière de brevets (PCT), qui aboutit à la délivrance d'un brevet valable en Europe par l'Office européen des brevets (OEB) en 1996. En janvier 2003, Ophtec déposa de nouveau une demande internationale selon le PCT portant sur un procédé spécifique d'implantation d'une LIO de type "Iris Claw" dans un œil phaque ou aphaque. Cette même année, l'entreprise déposa une autre demande selon le PCT portant sur les instruments utilisés pour clipper la LIO à l'iris.
Pour le Dr Worst et son entreprise, les droits de marque étaient des droits de propriété intellectuelle tout aussi importants dans la mesure où ils contribuaient à asseoir la réputation de l'invention. Peu de temps après avoir opté pour le nom Artisan, Ophtec déposa une demande d'enregistrement de marque selon le système de Madrid, qui aboutit en juillet 1998. Toujours dans le cadre de ce système, l'entreprise déposa une demande d'enregistrement pour Artiflex, qui fut enregistrée en novembre 2001. Les distributeurs d'Ophtec reconnaissant aussi l'importance de marques solides, AMO déposa une demande d'enregistrement de marque pour Verisyse et pour Veriflex auprès de l'USPTO en avril 2002 et en avril 2008, respectivement. La marque Verisyse fut enregistrée en avril 2005 et la marque Veriflex, en novembre 2008.
La LIO phaque Artisan, implantée en toute sécurité, avec succès, chez des centaines de milliers de patients dans le monde, offre réellement une chance de voir clair de nouveau. Un certain nombre d'études scientifiques (telles que l'étude de 2003 publiée dans l'American Journal of Ophthalmology) mettent en évidence des résultats sur la vision et une sensibilité différentielle supérieurs avec la lentille de type "Iris Claw" d'Ophtec, par rapport aux autres types de LIO pour œil phaque. Cette lentille est particulièrement recommandée pour corriger la myopie, le taux de réussite dépassant 90%.
Grâce à un portefeuille de propriété intellectuelle solide, Ophtec a pu se faire connaître en dehors des Pays‑Bas et conclure des accords de commercialisation et de distribution fructueux pour la plupart des grands marchés du monde. Cela explique pourquoi les LIO pour œil phaque et la lentille Artisan de type "Iris Claw", en particulier, sont devenues la référence des ophtalmologistes du monde entier. Ophtec continue donc de mettre au point de nouveaux éléments pour la LIO. En 2012, l'entreprise a fêté le vingt‑cinquième anniversaire de la première implantation de la lentille Artisan destinée à corriger la myopie. Compte tenu de son taux de réussite élevé, l'invention du Dr Worst est devenue synonyme de sécurité et d'efficacité, et est considérée comme l'une des possibilités de traitement les plus indiquées pour les patients souffrant de troubles de réfraction sévère.
Les tous premiers inventeurs de lentilles intra‑oculaires, comme le Dr Worst, ont essuyé des critiques extrêmement sévères car, à leur époque, ce traitement avait été jugé radical et peu orthodoxe. Si ce médecin n'avait pas fait preuve de persévérance, la lentille de type "Iris Claw" n'aurait jamais été mise au point, et les centaines de milliers de personnes en ayant bénéficié – la plupart d'entre elles, rappelons‑le, n'avait pas d'autre choix – auraient été condamnées à vivre avec des vices de réfraction sévères, devenant même presque aveugles. En perfectionnant sans relâche la lentille de type "Iris Claw", le Dr Worst et l'entreprise Ophtec ont réussi à allier une technique brevetée à une marque célèbre dans l'intérêt de nombreux patients qui peuvent désormais voir le monde plus nettement sans lunettes de vue, sans lentilles de contact et sans chirurgie LASIK.
Cette étude de cas se fonde sur des informations provenant de: