L'alliance du développement rural, d'une idée un peu biscornue et de la valeur de la propriété intellectuelle

Généralités


En raison d’un processus de libéralisation économique au niveau mondial, les petits agriculteurs et les cueilleurs de fruits à coque des économies émergentes sont désormais exposés aux fluctuations des prix des fruits à coque (photo : Lenka Renieck).

La Coopérative internationale des producteurs de fruits à coque (INPC) est un groupement agricole spécialisé dans la culture et la récolte de fruits à coque, qui s’est constitué en société au Royaume-Uni en 2007. L’INPC regroupe des membres de différents pays du monde, qui représentent des coopératives de production de fruits à coque sur trois continents, à savoir les Amériques, l’Afrique et l’Asie.

Ce groupement représente les intérêts socioéconomiques des producteurs et des cueilleurs de fruits à coque dans huit pays : la République fédérative du Brésil (Brésil), l’État plurinational de Bolivie (Bolivie), la République d’El Salvador (El Salvador), la République de l’Inde (Inde), la République du Malawi (Malawi), la République du Mozambique (Mozambique), la République du Nicaragua (Nicaragua) et la République du Pérou (Pérou).

Les agriculteurs de l’INPC ont fait cause commune avec d’autres partenaires du secteur pour devenir l’actionnaire le plus important de leur propre entreprise de vente et de distribution de fruits à coque, la Liberation Foods CIC (Liberation Foods). Créée en 2007, cette entreprise aide les agriculteurs organisés en coopératives à entrer sur le marché international en leur permettant de transformer leurs produits au Royaume-Uni et de les commercialiser dans le monde entier.

En outre, lors de la distribution des dividendes, Liberation Foods partage équitablement ses bénéfices entre les actionnaires, parmi lesquels figurent les groupements de producteurs eux-mêmes. Par ailleurs, l’INPC est représentée par des membres qui siègent au conseil d’administration de l’entreprise.

Depuis la création de l’INPC et de Liberation Foods, l’accès au marché international des agriculteurs et des cueilleurs de fruits à coque des trois continents s’est renforcé, la qualité de leurs produits s’est améliorée, et leurs revenus ainsi que leur niveau de vie ont augmenté.

Recherche-développement

En raison d’un processus de libéralisation économique au niveau mondial, les petits producteurs et les cueilleurs de fruits à coque des pays en développement sont désormais exposés aux fluctuations des prix des fruits à coque. Pour bon nombre d’entre eux, cela se traduit par une diminution de leurs parts du marché international des fruits à coque.

Dans les années 70, par exemple, la plupart des exportations de cacahuètes dans le monde provenaient des États-Unis d’Amérique (États-Unis d’Amérique), de la République argentine (Argentine) et, plus tard, de la République populaire de Chine (RPC). Les exportations de fruits à coque en provenance d’Afrique et d’Amérique du Sud étaient, pour leur part, souvent marginales. Quant à la part de l’Afrique australe sur le marché mondial de l’arachide, elle a fortement reculé au cours des 10 dernières années, passant de 77% à 4%.

Les phénomènes météorologiques extrêmes et imprévisibles éprouvent eux aussi les petits agriculteurs des pays sous-développés. De plus, l’insécurité alimentaire (imputable aux inondations et aux parasites) a commencé à poser problème car elle affaiblit financièrement nombre de petits exploitants, ce qui, pour certains de ces producteurs, se solde par un accroissement de leur dette financière, une instabilité de leurs revenus et un abaissement de leur niveau de vie.

Pour faire face à certains des risques induits par ces déséquilibres naturels et financiers, l’INPC a été créée en visant deux objectifs qui se recoupent. Tout d’abord, la coopérative se voulait être un instrument destiné à canaliser le pouvoir de négociation collective des producteurs de fruits à coque marginalisés qui souhaitaient accéder à un environnement économique compétitif. En regroupant des milliers d’agriculteurs du monde entier sous une seule bannière, l’INPC a cherché à unifier leurs voix, à renforcer leur capacité de négocier les prix, et à favoriser leur accès au marché international.

Ensuite, le groupement s’est employé à donner davantage de pouvoirs aux agriculteurs en créant une entreprise dont ils seraient propriétaires. La mise en place d’une telle entreprise permettrait aux agriculteurs d’accéder au marché en toute confiance et d’intégrer leur propre chaîne de valeurs, de l’exploitation agricole jusqu’au point de vente. En outre, ils pourraient mieux comprendre le marché et mieux planifier la croissance future.

Entre 2000 et 2003, l’organisation caritative Twin, qui œuvre auprès des producteurs les plus pauvres de la chaîne de valeurs, a réalisé une étude de faisabilité axée sur trois points : la viabilité d’une proposition cohérente concernant la production de fruits à coque conformément aux principes du commerce équitable; la possibilité de mettre en place une chaîne de valeurs en ce sens; et l’intérêt éventuel des groupements de producteurs à unir leurs efforts pour créer l’entreprise Liberation Foods.


En regroupant des milliers d’agriculteurs du monde entier sous une seule bannière, l’INPC cherche à renforcer leur pouvoir collectif et à accroître leur capacité de négocier les prix (photo : Liberation Foods/INPC).

Afin de jeter les bases de l’INPC, la société Twin Trading, la branche commerciale de Twin, et Equal Exchange, une entreprise alternative d’import-export implantée au Royaume-Uni, se sont associées avec des producteurs de fruits à coques des trois continents ainsi qu’avec d’autres investisseurs responsables, notamment l’Organisation catholique pour l’aide humanitaire et l’aide au développement (Cordaid), un organisme international de développement basé au Royaume des Pays-Bas (Pays-Bas). Par le biais de cette collaboration, plusieurs partenaires potentiels ont été identifiés : entrepôts, entreprises de transformation et de conditionnement, supermarchés, etc.

Afin de faciliter ce processus, quatre discussions de groupe ont été organisées et des documents complémentaires, y compris des analyses annuelles du marché, ont été examinés. À l’aide d’informations provenant des supermarchés et des analyses du marché, il a été établi que les supermarchés du Royaume-Uni occupaient 73% du marché avec leurs propres fruits à coque. Durant ces discussions, la situation du marché des fruits à coque et le niveau de concurrence sur le plan international, entre autres, ont été évalués.

Forts de ces informations fraîchement recueillies, les investisseurs ont présenté aux producteurs de fruits à coque un modèle commercial inspiré d’AgroFair, une coopérative de fruits certifiés “commerce équitable” appartenant à des agriculteurs et établie aux Pays-Bas. Entre autres nouveautés et nombreux avantages, le modèle commercial d’AgroFair veille à ce que les agriculteurs soient largement parties prenantes dans l’entreprise (sous la forme d’options sur actions) et qu’ils soient représentés de manière significative dans les postes de direction (avec des représentants des agriculteurs siégeant au conseil d’administration de l’entreprise).

Lors de réunions régionales rassemblant des représentants d’agriculteurs organisées en Amérique du Sud, en Italie et au Royaume-Uni, les statuts d’AgroFair ont servi de base à la création de l’INPC. Suite à certaines modifications apportées aux statuts de l’entreprise dans un nouveau document, une seconde série de réunions avec des agriculteurs a eu lieu en Amérique du Sud et dans le sud de l’Afrique en 2007.

Après avoir déjà fait de Liberation Foods, en juillet 2007, une société d’investissement communautaire, les investisseurs encourageaient quelques mois plus tard deux nouvelles institutions ayant leur siège au Royaume-Uni à se joindre à eux, en vue de mieux faire connaître le projet et de collecter des fonds : Comic Relief, une organisation caritative; et Hunter Foundation, une initiative de bienfaisance.

Comme l’organisation exerce ses activités en tant que coopérative ou société d’investissement communautaire établie au Royaume-Uni – par opposition aux associations caritatives ou aux sociétés anonymes –, l’INPC a été enregistrée comme société industrielle et de prévoyance en vertu de la loi sur les sociétés industrielles et les mutuelles (1965). La coopérative est réglementée par l’Autorité de réglementation des services financiers du Royaume-Uni.

Comme les membres de l’INPC détiennent 42% des parts de Liberation Foods, il s’agit de la première entreprise mondiale de vente et de distribution de fruits à coque appartenant à des agriculteurs. Tomy Mathews, l’un des administrateurs de Liberation Foods qui représente les producteurs de noix de cajou du Kerala (Inde) estime qu’être propriétaire de l’entreprise est extrêmement encourageant et motivant pour les agriculteurs, qui aiment à s’entendre dire “Nous sommes nos propres clients!”).En 2012, l’INPC comptait plus de 22 000 membres issus de coopératives du monde entier, parmi lesquelles la coopérative Fair Trade Alliance Kerala (FTAK), dans la région du Kerala, en Inde; l’Association des petits producteurs de Mchinji (MASFA), qui fait partie de l’Association nationale des petits producteurs du Malawi (NASFAM); et IKURU, une association de producteurs à vocation commerciale au Mozambique.


La campagne médiatique autour des produits “Harry’s Nuts!” (promue par le comédien britannique Harry Hill; en photo) a permis de toucher 30 millions de consommateurs potentiels et de mieux faire connaître la marque de produits (photo : Liberation Foods/INPC).

En 2012, l’INPC comptait plus de 22 000 membres issus de coopératives du monde entier, parmi lesquelles la coopérative Fair Trade Alliance Kerala (FTAK), dans la région du Kerala, en Inde; l’Association des petits producteurs de Mchinji (MASFA), qui fait partie de l’Association nationale des petits producteurs du Malawi (NASFAM); et IKURU, une association de producteurs à vocation commerciale au Mozambique.

L’INPC compte encore d’autres membres, parmi lesquels : la coopérative Del Campo, au Nicaragua; Aprainores, en El Salvador; la coopérative de producteurs COINACAPA (Cooperativa Integral Agroextrativista Campesina de Pando), la coopérative agricole CAIC (Cooperativa Agricola Integral El Campesino) et l’association ACERM (Asociación de Castañeros de la Reserva Manuripi), en Bolivie; la coopérative RONAP (Recolectores Organicos de Nuez Amazonica del Peru), au Pérou; et les coopératives CAPEB et CAEX, au Brésil.

Gestion de marques et commercialisation

Pour pénétrer le marché international avec des fruits à coque produits localement, qui soient de qualité, compétitifs et attractifs, les agriculteurs de l’INPC se tournent vers Liberation Foods pour participer à une série d’initiatives novatrices de gestion des marques et de commercialisation.

En s’appuyant sur les médias et la presse, et en collaboration avec les professionnels du secteur, Liberation Foods valorise ses produits en misant sur leur caractère éthique (le bien-être des producteurs étant au cœur de son modèle commercial) et leur qualité. Il est vrai que les fondateurs de l’entreprise ont fait des idéaux d’équité et de justice le fondement de leur modèle commercial, comme en témoigne le nom de l’entreprise, Liberation Foods, qui incarne cette éthique.

L’entreprise travaille en étroite collaboration avec la Fondation Fairtrade, une association caritative britannique reconnue, qui œuvre en faveur des droits des producteurs dans les pays en développement. Bénéficiant désormais de la certification Commerce équitable (qui figure sur tous les produits de l’entreprise), Liberation Foods est à même de garantir l’équité à ses producteurs et de rassurer ses clients quant à la qualité de ses produits. L’entreprise étant certifiée 100% Commerce équitable, elle gagne en popularité, en particulier parmi les consommateurs attentifs à l’éthique.

Après s’être largement imposée sur le marché du commerce équitable et avoir approvisionné en fruits à coque les supermarchés et les produits de leur propre marque au Royaume-Uni et ailleurs, Liberation Foods a lancé une marque, “Harry’s Nuts!”, avec le soutien du célèbre comédien et animateur de télévision britannique Harry Hill. Ce dernier est allé à la rencontre de petits producteurs de cacahuètes au Malawi et il a eu l’idée de les aider à vendre leurs produits dans le respect des principes du commerce équitable. Soulignons au passage que le comédien ne tire aucun profit personnel de la marque.

Non seulement Harry Hill participe activement au développement du produit (en formulant des recommandations sur la teneur en sel et la durée de la torréfaction et en prêtant son image au produit, qui est utilisée sur les emballages), mais il rencontre aussi des directeurs de supermarchés et contribue à promouvoir la marque de bien d’autres façons. La campagne médiatique autour de Harry’s Nuts! a permis de toucher environ 30 millions de consommateurs.

Conçus pour susciter l’intérêt des consommateurs, les produits Harry’s Nuts! sont vendus comme cacahuètes et noix de cajou salées certifiées Commerce équitable et comme produits à base de beurre de cacahuète croquant. Liberation Foods a également développé une autre marque, Liberation, qui inclut des mélanges de cacahuètes et de noix de cajou grillées issues du commerce équitable, ainsi que des produits à base de fruits à coque aromatisés et à faible teneur en sel.


Les producteurs de fruits à coque de l’INPC ont uni leurs efforts avec d’autres experts du secteur pour devenir l’actionnaire le plus important de leur entreprise de production et de distribution de fruits à coque (photo : Liberation Foods/ INPC).

Les agriculteurs de l’INPC produisent des noix de cajou, des cacahuètes et des noix du Brésil et Liberation Foods vend aussi des noix et des noix de macadamia. Les produits de l’entreprise sont distribués dans plusieurs des principales chaînes de supermarchés au Royaume-Uni, notamment Sainsbury’s, Tesco, Morrisons, Waitrose, The Co-operative, ainsi que dans les magasins Oxfam et sur Internet.

Marques

Pour garantir l’intégrité de son image de marque acquise au prix de grands efforts et maintenir son avantage comparatif “Commerce équitable” qui la distingue de ses concurrents, Liberation Foods s’appuie sur le système de la propriété intellectuelle.

En 2007, elle a déposé le nom de son entreprise Liberation, qui fait partie intégrante de son identité, en tant que marque auprès de l’Office britannique de la propriété intellectuelle (UKIPO).

En outre, pour garantir les droits de propriété intellectuelle de sa marque la plus célèbre, l’entreprise a déposé en 2008 auprès de l’UKIPO une marque pour Harry’s Nuts!, sous trois formats différents. Deux ans plus tard, Harry’s Nuts! était enregistré comme marque dans la plus vaste zone d’échanges du Royaume-Uni, l’Union européenne (UE), par l’intermédiaire de l’Office de l’harmonisation dans le marché intérieur (OHMI).

Non contente de déposer des marques pour le nom de son entreprise et sa marque phare, Liberation Foods défend sa place sur Internet en utilisant de manière inventive les réseaux sociaux populaires en ligne, y compris en créant un profil Facebook pour Harry’s Nuts!. Grâce à la protection de ses actifs de propriété intellectuelle par une marque et la forte présence de cette dernière sur l’un des réseaux sociaux en ligne les plus populaires de la planète, l’entreprise est en mesure de donner une image positive d’elle-même et de s’ouvrir à de nouveaux marchés en toute confiance.

Partenariats et financement

Liberation Foods a collaboré avec plusieurs partenaires en vue de réaliser un rêve : celui de créer une entreprise appartenant à des agriculteurs, qui soit financièrement viable et compétitive sur le plan international. Hormis des investisseurs clés qui se sont associés dès le début à ce projet, l’entreprise a collaboré avec Brand Opus, une agence spécialisée dans la création de produits, à la conception d’emballages attractifs pour les produits Harry’s Nuts!.

Comme l’explique Nir Wegrzyn, associé gérant de Brand Opus, son entreprise avait à cœur de participer à ce projet excitant et souhaitait promouvoir l’image de Harry Hill sur les emballages et privilégier une présentation visuelle originale, qui serait plus attractive dans les rayons des supermarchés et stimulerait les ventes en faveur de cette grande cause.

En outre, pour collecter des fonds supplémentaires en vue de soutenir des projets communautaires, l’entreprise a fait équipe avec Sainsbury’s et bénéficié du fonds de développement pour le commerce équitable de la chaîne, qui a pour objet de financer pour une durée de quatre ans des initiatives de commerce équitable, comme celles auxquelles participent les membres de l’INPC.


L’INPC et Liberation Foods ont pu voir le jour parce que des communautés d’agriculteurs, des investisseurs et des distributeurs du monde entier ont su, malgré leur hétérogénéité, surmonter leurs différences et œuvrer conjointement pour des intérêts communs (photo : Liberation Foods/INPC).

Le fonds de développement pour le commerce équitable, mis sur pied grâce à un don d’un million de livres sterling et géré par Comic Relief, est un mécanisme unique visant à aider des producteurs, comme ceux de l’INPC, à améliorer la qualité de leurs récoltes et à accéder aux marchés internationaux. Grâce à des partenariats commerciaux stratégiques, Liberation Foods et l’INPC ont ainsi pu collecter des fonds, mieux se faire connaître, et investir dans l’amélioration de la qualité des produits.

Sécurité alimentaire et santé publique

Parmi les nombreux avantages dont bénéficient les agriculteurs de l’INPC, on relève la capacité de réduire les coûts induits par les pertes de rendement (liées aux catastrophes naturelles, les inondations par exemple, ou aux dégâts causés par les animaux sauvages et les parasites), d’améliorer les infrastructures de santé et d’éducation disponibles pour ses membres, et de fournir l’aide nécessaire pour réduire leur endettement. À cet égard, la prime Fairtrade est un élément important de la Fondation Fairtrade : il s’agit d’une prime versée aux producteurs pour leur permettre d’investir dans des projets communautaires à long terme, par exemple des initiatives en matière de santé et d’éducation.

Twin et Liberation Foods, avec l’aide de Comic Relief, du Ministère britannique du développement international, du fonds de développement pour le commerce équitable et d’autres organismes, cherchent également à mettre en place des moyens plus étendus et plus collaboratifs pour soutenir la Fondation Fairtrade. Ce type de collaboration permet aux producteurs installés dans certains des pays les moins avancés de se doter d’équipements en vue de répondre aux normes Fairtrade, d’améliorer la qualité de leurs récoltes, et de commencer à vendre leurs produits sur le marché international, dans des conditions équitables.

Ainsi, les petits producteurs de fruits à coque de la FTAK, en Inde, une coopérative membre de l’INPC créée en 2006 pour s’occuper des questions de sécurité alimentaire et d’endettement dans la région, utilisent les primes Fairtrade allouées par Liberation Foods pour financer un fonds de gestion des catastrophes. En effet, ces agriculteurs qui vivent dans les collines se retrouvent parfois sans abri et peuvent perdre leurs récoltes à cause des glissements de terrain provoqués par la mousson.

Grâce au versement de primes (qui leur évitent de s’endetter), les agriculteurs peuvent remplacer les récoltes perdues grâce à l’achat de nouvelles semences ou à la diversification de leur production (par exemple, en plantant des épices comme le poivre blanc ou noir), de sorte qu’ils sont moins exposés au risque de perte totale souvent lié aux monocultures, c’est-à-dire une pratique consistant à ne cultiver qu’une seule espèce végétale.

Les dégâts causés par les animaux sauvages, notamment par le passage d’éléphants, se révèlent être une menace pour la santé des agriculteurs de la région, qui se retrouvent parfois blessés en essayant de protéger leurs récoltes de ces animaux. Pour faire face à ce problème courant, en Inde, certains agriculteurs de l’INPC installent autour de leurs exploitations des clôtures électriques alimentées par l’énergie solaire, qui dissuadent les éléphants de passer en leur envoyant une légère décharge électrique non mortelle. Grâce à de telles initiatives, les agriculteurs espèrent prévenir les lésions causées aux hommes et aux animaux, tout en protégeant également les anacardiers poussant sur leurs terres des dégâts provoqués par l’intrusion d’animaux.


Lors de la distribution des dividendes, Liberation Foods partage équitablement les bénéfices entre les actionnaires, parmi lesquels figurent les groupements de producteurs eux-mêmes (photo : Jelle Goossens).

Les primes Fairtrade permettent non seulement d’œuvrer en faveur de l’environnement, des animaux et des récoltes, mais aussi d’améliorer les infrastructures et les ressources en matière de santé, d’éducation et de commercialisation offertes à de nombreux membres de l’INPC. Ainsi, les producteurs de la MASFA au Malawi ont reçu en deux ans 43 000 dollars É.-U. de primes, dont une partie a servi à construire un abri pour les membres des familles de patients séjournant à l’hôpital Mchinji, dans le district de Mchinji. Cet abri sert aussi aux femmes enceintes ayant des complications de grossesse, qui ne peuvent pas se permettre de faire des allers-retours entre l’hôpital et leur domicile pour passer des examens médicaux. Cela permet à ces patients d’avoir un endroit où dormir tout en les protégeant des conditions atmosphériques.

Les sommes allouées par le fonds de développement pour le commerce équitable de Sainsbury’s ont permis d’acheter une machine à décortiquer les fruits à coque, qui remplacera le décorticage à la main et allégera ainsi la lourde charge de travail des agriculteurs de la communauté de Mchinji. Au Malawi également, les agriculteurs de la MASFA utilisent leurs primes Fairtrade pour créer des centres d’achat communautaires. Joshua Varela, de la NASFAM, explique que ces nouveaux centres d’achat sont équipés d’un petit bureau et d’un lieu de stockage sûr d’une capacité d’environ 20 tonnes, qui permet de préserver la qualité des cacahuètes et de protéger les agriculteurs du soleil et de la pluie.

Par ailleurs, dans les forêts tropicales d’Amazonie, les agriculteurs utilisent les primes Fairtrade pour couvrir en partie les frais médicaux (opération de la cataracte, lésions subies lors des travaux agricoles, etc.); pour améliorer les installations agricoles (notamment par la construction de payoles, qui sont des endroits où les fruits à coque sont stockés à l’abri de l’eau, des animaux ou encore des écoulements de carburant et des contaminants chimiques); et pour financer des bourses d’études. Comme l’explique un agriculteur, certaines des primes Fairtrade sont destinées à financer des bourses, de sorte que les enfants de la communauté puissent aller à l’université. Ceux qui en auront bénéficié reviendront travailler pour la COINACAPA, qui sait, après avoir étudié les techniques agricoles ou la comptabilité.

Les membres de l’INPC continuent d’œuvrer pour transformer les communautés et la vie des agriculteurs qui sont souvent contraints de vivre dans des conditions qui frôlent la catastrophe économique, sociale et environnementale. Grâce aux primes versées par Liberation Foods, les agriculteurs parviennent à accroître leurs récoltes et à diversifier leur potentiel de revenu, et ils voient leurs perspectives de revenus, de santé et d’éducation s’améliorer.

Résultats commerciaux


Les membres de l’INPC continuent de bénéficier des avantages des primes Fairtrade, qui se traduisent notamment par l’amélioration du rendement des cultures et des prestations en matière de santé et d’éducation offertes aux agriculteurs et à leurs familles (photo : Liberation Foods/ INPC).

Depuis que l’INPC et Liberation Foods ont été créées, les termes de la collaboration et de la compréhension au niveau international entre, d’un côté, les distributeurs et les consommateurs et, de l’autre, les producteurs de fruits à coque de divers pays et communautés, ont radicalement changé. À mesure que le modèle commercial Fairtrade continue de se développer et qu’il se révèle financièrement viable, une nouvelle catégorie d’échanges commerciaux internationaux – les fruits à coque certifiés Commerce équitable – gagne en importance et en influence. En 2011, le chiffre d’affaires de Liberation Foods s’élevait à 4,5 millions de livres sterling, et ses produits étaient distribués dans quatre des cinq principales chaînes de supermarchés au Royaume-Uni. L’entreprise importe en effet 80% des fruits à coque certifiés Commerce équitable dans le pays.

L’influence de Liberation Foods dans certains pays contribue à relancer un secteur d’activité. Entre 2008 et 2009, la NASFAM a exporté 576 tonnes d’arachide, générant un revenu de 58 000 dollars É.-U. sous la forme de primes Fairtrade versées à 10 709 agriculteurs. Au Malawi, l’entreprise a ainsi contribué à améliorer la vie d’environ 400 000 personnes vivant dans des communautés agricoles, parmi lesquelles de nombreuses femmes s’occupant d’orphelins porteurs du virus du sida.

Le développement de la culture des cacahuètes au Malawi, dont la qualité et la quantité sont suffisamment élevées pour être exportées au Royaume-Uni, a abouti à un projet entièrement nouveau dans le pays, à savoir la création de Afri-Nut Company Ltd, une usine de traitement des cacahuètes située dans la capitale, Lilongwe. Cette usine servira à blanchir et à traiter les cacahuètes, et la pâte qui en est extraite sera conditionnée en sachets individuels “Plumpy Nut” – Aliments thérapeutiques prêts à l’emploi : il s’agit de pâtes très énergétiques enrichies en micronutriments. Ces sachets à haute valeur nutritionnelle sont destinés à aider les enfants du Malawi et d’autres pays d’Afrique souffrant de malnutrition.

Depuis sa création, l’INPC ne cesse de croître en dynamisme et en influence sur trois continents. Les membres de la coopérative continuent de percevoir des primes qui sont investies dans l’amélioration des produits locaux et des ressources en matière de santé, de revenus et d’éducation offertes aux producteurs de fruits à coque et à leurs familles.

Du rural à l’international

L’INPC et Liberation Foods ont pu voir le jour parce que des communautés d’agriculteurs, des investisseurs et des distributeurs du monde entier ont su, malgré leur hétérogénéité, surmonter leurs différences, y compris les barrières linguistiques, et œuvrer conjointement en faveur d’intérêts communs, transformant ainsi un modèle d’activité novateur en un véritable succès commercial.

En partant d’une idée un peu biscornue et bénéficiant de l’autonomie qui leur a été conférée par leur propre entreprise, des agriculteurs de trois continents ont réussi à créer leur propre marque de produits, à pénétrer le marché international et à faire concurrence à des entreprises bien enracinées. Producteurs, investisseurs et consommateurs tirent aujourd’hui profit d’une aventure commerciale unique, et ce grâce à la protection des actifs de propriété intellectuelle.


Last update:

15 octobre 2012


Country/Territory:
Bolivie (État plurinational de), Brésil, El Salvador, Inde, Malawi, Mozambique, Nicaragua, Pérou, Royaume-Uni

Company name:
The International Nut Producer Co-operative

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