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Faire revivre la tradition de la narration épique

19 mai 2021

Pendant des milliers d’années, les nomades turcs ont parcouru les vastes steppes et les hautes montagnes de l’Asie centrale, reliant les actuels Kirghizistan, Kazakhstan, Turkménistan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Afghanistan et la Chine occidentale. Pendant qu’ils gardaient les troupeaux dans ces paysages infinis, ces bergers pratiquaient la poésie épique et d’autres traditions orales pour raconter leur vie quotidienne, leur religion, leurs légendes et leur histoire. La République kirghize (Kirghizistan), l’un des plus petits États d’Asie centrale, tente de faire revivre ces formes d’expressions culturelles traditionnelles.

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Un manaschi, ou conteur traditionnel de poésie épique, récite l’épopée de Manas (Photo : Commission nationale de la République kirghize pour l’UNESCO).

L’épopée kirghize de Manas renvoie souvent à la trilogie des aventures de son personnage principal Manas, de son fils Semetey et de son petit-fils Seitek. Poème fondateur narrant les origines du peuple kirghize, le Manas est vu par les spécialistes comme une sorte d’“Illiade de la steppe”, comparable au chef-d’œuvre d’Homère (bien que le Manas soit près de vingt fois plus long; la version consignée la plus longue compte 500 533 lignes).

Abordant des thèmes tels que le bien contre le mal, un comportement de chef exemplaire, les rivalités acharnées et des générations de guerres, l’épopée témoigne de ce qui ne peut être décrit que comme le destin du peuple kirghize. Tissée autour du personnage central de Manas, elle décrit les efforts de Manas pour unifier les quarante tribus kirghizes en butte en assauts et aux pillages des puissantes tribus voisines, ainsi que son périple à la tête de son peuple à travers les montagnes de l’Altaï et jusque dans la région d’Alai.

Le Manas continue d’être récité lors d’importantes manifestations et festivités locales et nationales. Pendant la récitation, le manaschi entre dans un état proche de la transe, recourant à des formes spéciales de narration, de rythme, de tonalité et de gestes pour recréer l’atmosphère historique de l’épopée. Une narration de la trilogie entière peut durer des heures.

Réciter le poème national du pays n’est cependant pas une mince affaire. Même avec une connaissance approfondie de l’épopée, un manaschi, ou récitant traditionnel de poésie épique, capable de réciter de longs passages des heures durant, est extrêmement rare.

Lutter pour la préservation du patrimoine culturel…

Si la trilogie décrit la mémoire historique de l’unification (et des origines) du peuple kirghize, la connaissance détaillée de l’épopée se perd. À cause du manque de traductions accessibles (comme souvent), l’épopée est pratiquement inconnue en Occident. La déclaration de la trilogie épique kirghize comme trésor du patrimoine culturel immatériel par l’UNESCO en 2013 a souligné la nécessité de déployer des efforts supplémentaires pour protéger et promouvoir cette tradition.

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Le Kirghizistan tente de faire revivre sa forme traditionnelle de narration par la fixation (Photo : Commission nationale de la République kirghize pour l’UNESCO).

Grâce aux efforts de fixation accrus, les personnes intéressées n’ont même pas besoin de se rendre au Kirghizistan pour apprécier l’épopée. Des enregistrements de plusieurs manaschi renommés récitant la trilogie épique sont disponibles sur YouTube dans trois listes de diffusion :

Comment la propriété intellectuelle s’inscrit-elle dans ce contexte? Si le système de la propriété intellectuelle n’offre pas de solution complète pour la protection des expressions culturelles traditionnelles, les droits des artistes-interprètes ou exécutants, y compris dans le domaine des expressions culturelles traditionnelles, sont protégés au titre des droits “connexes” ou “voisins”. Cela tient à l’objet de ces droits, qui relève principalement du droit d’auteur.

Les artistes-interprètes ou exécutants jouissent de droits sur leurs interprétations ou exécutions d’œuvres protégées par le droit d’auteur et d’expressions culturelles traditionnelles. Selon les différentes législations nationales, les artistes-interprètes ou exécutants peuvent avoir des droits sur leurs interprétations ou exécutions sonores et audiovisuelles, enregistrées dans une vidéo musicale ou un film par exemple. Dans de nombreux pays, ces droits peuvent s’appliquer aux interprétations ou exécutions fixées, comme dans le cas des CD ou des films, ainsi qu’aux interprétations ou exécutions en direct ou non fixées. En particulier, les artistes-interprètes ou exécutants peuvent jouir du droit d’enregistrer, de radiodiffuser et de communiquer au public leurs interprétations ou exécutions en direct. Ils peuvent également bénéficier des droits exclusifs de reproduction, de distribution, de location et de mise à disposition de leurs interprétations ou exécutions fixées à des fins d’utilisation sur Internet. De nombreuses législations prévoient un droit à une rémunération pour la radiodiffusion et la communication au public. Certaines législations nationales accordent également des droits moraux aux artistes-interprètes ou exécutants, ces droits pouvant être exercés pour garantir l’attribution et empêcher toute modification des interprétations ou des exécutions préjudiciables à la réputation de l’artiste.

Les interprétations et exécutions d’expressions culturelles traditionnelles peuvent également bénéficier d’une protection internationale au titre des droits connexes, comme celle prévue par le Traité de l’OMPI sur les interprétations et exécutions et les phonogrammes (WPPT) et le Traité de Beijing sur les interprétations et exécutions audiovisuelles (Traité de Beijing). Alors que le WPPT assure la protection des parties sonores d’une interprétation ou exécution fixée, à savoir les parties perceptibles par l’oreille humaine, le Traité de Beijing protège les interprétations ou exécutions enregistrées dans les médias audiovisuels tels que le cinéma et la télévision. Dans les deux traités, les droits des artistes-interprètes ou exécutants ont une durée limitée à 50 ans au minimum à compter du moment où la prestation a été fixée dans un enregistrement sonore ou audiovisuel.

…de génération en génération

Les Manaschi considèrent la trilogie comme faisant partie du savoir traditionnel, du patrimoine culturel et de l’identité de leur peuple, pour lesquels ils assument une responsabilité personnelle. La transmission de l’épopée du maître à l’élève se fait oralement à travers l’éducation non formelle. La narration de la trilogie aide les jeunes à mieux comprendre leur histoire, leur culture, leur environnement naturel et l’importance de la tolérance et du multiculturalisme. La nouvelle génération a porté la représentation de cette expression culturelle traditionnelle à un tout autre niveau.

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La nouvelle génération de manaschi s’entraîne à réciter l’épopée de Manas (Photo : Commission nationale de la République kirghize pour l’UNESCO)

C’est là qu’intervient Aibek Baiymbetov. Aibek a fondé la Holistic Development Foundation afin de mettre en œuvre ses idées pour la préservation du patrimoine culturel immatériel kirghize. Désireux d’adapter les symboles et les significations de la culture kirghize à des supports plus contemporains, les membres travaillent bénévolement dans les domaines de l’animation, des spectacles musicaux et théâtraux et du cinéma. Son équipe a animé un épisode de l’épopée de Manas, Uluu Ash (également disponible avec des sous-titres anglais), dont le scénario est basé sur le roman de 1995 “Teniri Manas” du célèbre auteur et traducteur kirghize Ashym Jakypbekov. L’animation de six minutes rend hommage à l’événement principal de l’épopée : l’unification par Manas des quarante tribus kirghizes liées par leur destin commun.

Aibek est également cofondateur de “Kyrgyz Kairyk”, un ensemble musical de musique traditionnelle moderne. Soucieux de préserver et de développer le patrimoine musical des peuples nomades d’Asie centrale, Aibek et l’experte en matière musicale, Altynai Abetekova, créent un art musical au travers d’expressions musicales créatives sous diverses formes et dans divers genres. Le groupe a composé la partition originale du spectacle JARALYSH, ou “L’origine”, qui dépeint la formation de la nation telle qu’elle est racontée dans l’épopée de Manas. Fruit d’une collaboration entre l’ensemble musical, un théâtre expérimental pour la jeunesse et de jeunes créateurs kirghizes, le spectacle intègre certains instruments de musique parmi les plus anciens du pays, qui n’ont été que récemment reconstitués sur la base de données folkloriques.

Vous souhaitez en savoir plus sur les activités de l’OMPI dans le domaine des expressions culturelles traditionnelles?

Consultez la page Web de l’OMPI sur les savoirs traditionnels pour en savoir plus sur les activités menées par l’Organisation dans le domaine de la propriété intellectuelle relative aux savoirs traditionnels, aux expressions culturelles traditionnelles et aux ressources génétiques.

Pour des informations sur la gestion efficace de la propriété intellectuelle dans le contexte des festivals folkloriques, artistiques et culturels, notamment en ce qui concerne les interprétations ou exécutions d’expressions culturelles traditionnelles, voir la publication de l’OMPI intitulée La propriété intellectuelle et les festivals folkloriques, artistiques et culturels – Guide pratique.

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