Des écosystèmes d’innovation pour un avenir vert en Afrique
22 avril 2021
Si le changement climatique mondial continue à avoir des répercussions sur l’environnement partout dans le monde, l’Afrique australe figure parmi les régions les plus vulnérables. Parallèlement, la subsistance des peuples autochtones et des communautés locales, notamment des paysans et des populations rurales, dépend de l’agriculture locale. La Zambie, pays enclavé dans le centre-sud de l’Afrique, est en train de développer ses écosystèmes d’innovation afin d’accroître sa capacité d’adaptation climatique.
À l’avenir, les agriculteurs vont avoir besoin de cultures vivrières qui puissent faire face au changement climatique et résister aux sécheresses, telles que le riz, pour assurer leur subsistance, surtout dans des régions particulièrement vulnérables comme celle-ci. L’Institut zambien de recherche agricole (ZARI) et ses partenaires ont recours à des technologies génomiques de pointe et à une gestion sur mesure de la propriété intellectuelle pour mettre au point des variétés de riz aptes à résister au changement climatique, à partir des variétés locales.
L’Institut zambien de recherche agricole est le premier établissement de recherche de la Zambie. Il encadre les opérations d’élaboration et de transfert de technologies sur le plan scientifique dans le cadre de partenariats avec des acteurs et des bénéficiaires du secteur agricole. Ses principaux objectifs consistent entre autres choses à mettre au point des cultures adaptables, ainsi que des techniques de protection des sols et des plantes, pas uniquement pour faire face aux problèmes que pose le changement climatique, à savoir les problèmes d’adaptation et de sécurité alimentaire, mais aussi dans une optique de préservation de la biodiversité de la Zambie, de développement économique et de progrès scientifique en général.
En 2018, Peggy Womba, chercheuse à l’Institut zambien de recherche agricole, a intégré le Programme international de perfectionnement intitulé “La propriété intellectuelle et les ressources génétiques à l’appui de l’innovation”, programme annuel organisé par la Division des savoirs traditionnels de l’OMPI et l’Office suédois des brevets et de l’enregistrement (PRV). Ses motivations pour intégrer le programme étaient les suivantes : se familiariser avec les bonnes pratiques pour assurer la protection et la promotion de la diversité génétique des variétés de riz zambiennes, créer une plateforme d’échange de ressources génétiques et de données génétiques et renforcer les partenariats internationaux de l’Institut.
Nous sommes tributaires d’organisations comme l’OMPI et son programme de renforcement des capacités concernant la propriété intellectuelle, les ressources génétiques, les savoirs traditionnels et les expressions culturelles traditionnelles, qui a contribué à améliorer dans une large mesure les capacités de la Zambie en ce qui concerne la gestion des droits de propriété intellectuelle attachés à ses ressources génétiques et aux données correspondantes.
Peggy Womba, Institut zambien de recherche agricole (Zambie)
Dans le cadre du programme international de perfectionnement proposé par l’OMPI et l’Office suédois des brevets et des enregistrements, les participants sont invités à mettre en place un projet de changement. Celui de Peggy Womba consiste à évaluer les caractéristiques de résistance aux sécheresses et d’adaptation au changement climatique du germoplasme, autrement dit de la diversité génétique, des variétés de riz locales. Pour ce faire, l’Institut zambien de recherche agricole aura besoin d’établir les données génomiques des variétés en question et de les corréler à d’autres séries de données. Cela suppose de définir une stratégie de gestion des droits de propriété intellectuelle attachés aux séries de données résultant de ce travail.
Pour ce faire, Peggy Womba a utilisé les services que propose la Division des savoirs traditionnels en ce qui concerne la gestion des droits de propriété intellectuelle attachés aux ressources génétiques et aux données génétiques, qui prévoient des formations spécialisées et des programmes de mentorat, de mise en relation et d’aide à la gestion des droits opérationnels concernant les ressources génétiques et les données correspondantes. Dans ce cadre, Mme Womba a suivi la formation à distance sur la propriété intellectuelle et les ressources génétiques relatives aux sciences de la vie à l’intention des cadres proposée par l’Académie de l’OMPI et la Division des savoirs traditionnels. Ce cours prévoyait un mentorat sur mesure concernant les questions liées à la gestion des droits de propriété intellectuelle dans le cadre de l’établissement des données génomiques des variétés de riz locales et de leur mise en correspondance avec d’autres séries de données sur les caractéristiques phénotypiques de riz pleinement développé, comme la résistance au changement climatique.
Outre les programmes de formation et de mentorat, Peggy Womba a également pris part à un groupe d’étude sur la propriété intellectuelle et les ressources génétiques et les données génétiques. Ce groupe se composait de spécialistes de cinq pays, à savoir l’Indonésie, le Mozambique, l’Ouganda, la République-Unie de Tanzanie et la Zambie, qui avaient suivi le programme international de perfectionnement proposé par l’OMPI et l’Office suédois des brevets et de l’enregistrement. Constatant que les objectifs de leurs projets de changement concordaient, les membres du groupe d’étude ont décidé d’examiner différentes approches écosystémiques de l’innovation et de la gestion des droits de propriété intellectuelle concernant l’échange de ressources génétiques et de données génétiques.
Depuis que ce groupe a vu le jour, ses membres ont énormément travaillé à la définition d’une approche de la gestion des droits de propriété intellectuelle fondée sur des principes communs. Ils ont organisé des réunions régulières de coordination, de multiples voyages d’études, des présentations spécialisées, des réunions de groupe et des ateliers auxquels ont présidé les besoins concrets des différents pays en matière de renforcement des capacités en ce qui concerne la gestion des droits de propriété intellectuelle attachés aux ressources génétiques et aux données génétiques. S’agissant des ressources disponibles dans la base de données des accords d’accès et de partage des avantages en matière de biodiversité de l’OMPI, les experts ont pu établir une boîte à outils.
Nous sommes convaincus que les partenariats internationaux comme celui-ci et notre participation à l’instauration de nos propres écosystèmes d’innovation nous permettront de mettre au point des solutions en adéquation avec le changement climatique pour notre agriculture, grâce à l’échange de ressources génétiques et de données génétiques auquel concoure l’application par anticipation de principes communs de gestion des droits de propriété intellectuelle.
Peggy Womba, Institut zambien de recherche agricole (Zambie)
En 2019 et 2020, les experts du groupe d’étude se sont servis de l’interface WIPO Match pour rapprocher les besoins de leurs projets respectifs en matière de propriété intellectuelle de prestataires dans les domaines de l’innovation et de la technologie. L’outil gratuit en ligne WIPO Match, dans lequel l’OMPI joue le rôle d’intermédiaire, a vocation à établir une concordance entre les vastes ressources de l’Organisation et les partenariats existants, d’une part, et les besoins concrets de renforcement de la propriété intellectuelle, d’autre part. Grâce à cette interface, le groupe d’étude a pu établir des partenariats additionnels avec des acteurs du public et du privé en Afrique et en Asie.
Grâce à WIPO Match et aux services de formation et de mentorat de la Division des savoirs traditionnels sur les ressources génétiques, l’Institut zambien de recherche agricole a entamé une collaboration avec le Centre indonésien de recherche-développement sur les biotechnologies agricoles et les ressources génétiques (ICABIOGRAD) qui relève de l’Agence indonésienne pour la recherche et le développement agricoles. Ce partenariat a trait à la mise en œuvre du projet initial de changement de Peggy Womba, qui consiste à rechercher dans le germoplasme des variétés de riz zambiennes des caractères résistant à la sécheresse et d’autres caractères susceptibles d’adaptation face au changement climatique.
Il est crucial pour la Zambie d’établir des partenariats internationaux et de développer ses écosystèmes d’innovation, car seule elle n’a pas la capacité scientifique pour tirer pleinement parti des possibilités qu’offrent les nouvelles technologies comme le séquençage et la modification du génome.
Peggy Womba, Institut zambien de recherche agricole (Zambie)
L’Institut zambien de recherche agricole et le Centre indonésien de recherche-développement sur les biotechnologies agricoles et les ressources génétiques espèrent à présent élargir leur accord de collaboration et conclure un partenariat complet avec d’autres membres du groupe d’étude pour continuer à développer leurs écosystèmes d’innovation concernant l’échange de ressources génétiques et de données génétiques, en s’appuyant sur une approche commune de la gestion des droits de propriété intellectuelle.
Grâce à sa participation au Programme international de perfectionnement proposé par l’OMPI et l’Office suédois des brevets et de l’enregistrement, Peggy Womba, et avec elle l’Institut zambien de recherche agricole, a pu mettre en place un système collaboratif de gestion des droits de propriété intellectuelle pour l’échange de données exclusives qui permettra de fournir des services appropriés et de qualité aux agriculteurs zambiens et aux populations rurales du pays. Ces écosystèmes d’innovation et les solutions qu’offrent les partenariats internationaux de recherche dans le domaine de la propriété intellectuelle permettront à l’Institut zambien de recherche agricole et à ses partenaires d’exploiter l’échange de ressources génétiques et de données correspondantes pour élaborer des solutions face aux défis mondiaux.
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