L'art populaire et les opportunités du monde moderne

Contexte


Les artisanats d’Olinala sont remplis de thèmes et motifs qui vont des fleurs, feuillages, paysages aux animaux représentés par des motifs colorés et sculptés dans du bois ou sur des courges, photographie (Photo : Travelian.com)

Olinala est une région essentiellement rurale de l’État du Guerrero, dans le sud-ouest du Mexique. Étymologiquement d’origine indienne, la région tire son nom du mot “olinalais” nahuatle (aztèque), qui signifie “lieu de mouvement” et est située à cinq heures de route de la capitale du pays, Mexico.

Traversée par des rues droites évocatrices des villes européennes de la Renaissance (XVIe siècle), la région a été le centre d’un riche mélange de populations indigènes telles que les Nahuas, les Mixtèques, les Amuzgos et d’autres, y compris des peuples d’origine africaine et européenne.

Inspirée par son patrimoine divers et fécond, Olinala a connu pendant des générations une industrie artisanale florissante (production à domicile plutôt qu’à l’usine) de produits “maque” finement ouvragés et magnifiquement fabriqués à la main (ou produits en bois laqué) à usage quotidien. Ces produits comprenaient des coffres, des paravents, des courges peintes et de petites boîtes.

Afin de soutenir cette culture et cette industrie illustres (qui relèvent depuis toujours d’une organisation familiale en petites unités indépendantes), les résidents d’Olinala se sont joints au Gouvernement mexicain et à d’autres afin de créer une coopérative d’artisans hommes et femmes.

Fondée en 1993, l’Unión de Artesanos Olinca, A.C (UAO) est une coopérative qui a su réunir les voix et compétences des artisans d’Olinala en une seule entité. Dans le même temps, l’UAO a exercé des pressions à la fois sur les autorités locales et nationales du Mexique pour le compte de ses membres et coordonné les efforts pour assurer l’entrée de la communauté sur les marchés locaux et internationaux des produits laqués.

En partie grâce aux activités de la coopérative, l’accès au marché des artistes d’Olinala a été grandement amélioré et le bien-être socioéconomique de cette communauté culturellement riche, mais historiquement marginalisée a été systématiquement développé.

Savoirs traditionnels

Remontant à une époque antérieure à l’influence espagnole au Mexique en 1521, l’“artesania” (ou artisanats populaires) d’Olinala a bénéficié d’un mélange d’expressions culturelles traditionnelles et de savoirs traditionnels. Transmis de génération en génération, les artisanats de la région sont remplis de thèmes et motifs allant de fleurs, feuillages, paysages aux animaux (dont les lapins, renards, jaguars, chats et cerfs issus de la mythologie Nahuatl), représentés par des motifs colorés exceptionnels sur des produits en bois sculpté ou sur des courges.

En effet, les célèbres produits d’Olinala sont fabriqués par le biais d’un long processus minutieux (impliquant jusqu’à 29 étapes distinctes) de sculpture, peinture et application de laque (une résine pour vernir provenant de certaines plantes et insectes).

Pendant le processus de fabrication des produits d’Olinala, le bois est enduit d’huiles obtenues à partir de plantes ou d’insectes avant d’être recouvert d’une pâte épaisse faite de matières premières à partir de minéraux appelés “tecoztle” dans la langue Nahuatl. Cette pâte est d’une texture semblable au sable, d’une couleur jaunâtre et est mélangée à des huiles provenant de graines de chia mexicaines (salvia hispanica lamiaceae, une plante à fleurs de la famille de la menthe) ou de lin (linum usitatissimum linaceae, une plante à fleurs).

Lorsqu’elle est versée sur la surface du bois, la pâte forme la base de l’étape suivante du processus qui implique un mélange de “tesicalte” (une pierre blanche dure provenant de Huamuxtitlan, un village du Guerrero) et est placée dans un conteneur en pierre connu sous le nom de “tlametate” jusqu’à ce qu’elle se transforme en très fine poudre. La poudre est ajoutée à la couleur qui deviendra le fond de l’objet fabriqué et le mélange qui en résulte est enduit sur le bois au moyen d’un pinceau en poils de cerf.

Après cette étape, le bois est poli jusqu’à ce que pratiquement tous les tesicaltes disparaissent. La couleur de base est ajoutée juste après et mise à sécher pour plusieurs jours avant d’ajouter une laque et de polir. Appliquer une laque sur ces produits protège leur surface et permet de poursuivre la décoration.


Les célèbres produits d’Olinala sont fabriqués par le biais d’un long processus de sculpture, peinture et d’application de laque (Photo : Jose Alejandro Manuel Garcia)

Les produits d’inspiration d’Olinala peuvent être répartis en trois grands styles : “embutido” (par incrustation), “dorado” (peinture, parfois appelée “aplicado”) et “rayado” (sculpture).

Créé par l’artiste qui fait un dessin avant que les éléments du modèle ne soient découpés et que les sillons ne soient remplis de couleur, l’embitudo est populaire à Olinala et dans l’État occidental du Michoacan.

Nommé d’après la feuille d’or qui était historiquement utilisée pour faire le croquis des décorations, le dorado, pour sa part, est un style populaire au Guererro et au Chiapas, l’État le plus au sud du Mexique. Ce style se distingue par l’utilisation de couleurs ad¬ditionnelles lors de l’application sur l’enduit de base en vue de créer des mot¬ifs floraux éclatants ou de recréer des scènes nostalgiques ou patriotiques de l’histoire et la mythologie mexicaines.

Plus subtil que le dorado, le rayado est en outre populaire au Guerrero et repose sur une deuxième couleur appliquée sur l’enduit de base pour créer des motifs floraux, souvent combinés à des thèmes animaliers et des formes géométriques.

Tandis que le mélange coloré est encore humide, une plume de dinde est généralement utilisée dans ce style d’artisanat pour rehausser certains détails tels que les pétales de fleurs. Ces dessins sont souvent reproduits en rouge ou bleu sur un fond blanc, noir sur un fond rouge ou rouge sur un fond noir.

Les artistes contemporains utilisent parfois des tons pastel et sont renommés pour créer un artisanat blanc sur blanc. La fabrication des laques (traditionnellement préparées par les femmes) et la sculpture (une activité traditionnellement masculine) sont généralement réalisées dans le cadre d’une collaboration entre les membres d’un même foyer.

Les artistes d’Olinala ont souvent cultivé un style hautement individuel reposant sur l’inspiration d’une seule personne ou d’un seul foyer. Étant donné que ces produits étaient rarement signés du nom de leur créateur, il a été aisé de librement adopter et adapter les créations au sein de la communauté.

De plus, l’artisan était historiquement non seulement le créateur, mais également le fournisseur de ces produits; il ou elle était directement responsable de l’intégralité du processus, depuis sa conception jusqu’à sa création et sa commercialisation.

Si ce processus de création autonome, individuel et dépourvu de marque fonctionnait parfaitement pour les artistes bien établis, il n’était pas favorable aux artisans moins connus qui trouvaient de plus en plus difficile de repousser la concurrence des produits moins chers, de mauvaise qualité ou des imitations.

Grâce à l’UAO ainsi qu’à des initiatives collectives locales et nationales, les artisans en difficulté ont cherché de nouvelles manières d’exploiter leurs savoirs traditionnels et leurs expressions culturelles traditionnelles de façon collective et systématique en entrant sur le marché avec des produits de qualité et distinguables.

Produits d’origine géographique spécifique

Tous les ingrédients clés et produits d’Olinala, qui est située à 1600 mètres au-dessus de la mer et représente le point culminant de l’État, proviennent de la région même du Guerrero.

Bordé par l’océan Pacifique et traversé par les rivières Balsas, Tlapaneco et Mezcala, l’État couvre plus de 24 819 miles carrés (64 281 kilomètres carrés), comprenant la vallée fertile de la Sierra Madre de Sur, et est riche en ressources humaines et naturelles.

Célèbre non seulement pour sa fabrication de laque et son riche mélange culturel, le Guerrero est également renommé pour son agriculture, ses mines et son tourisme (reposant sur un environnement majestueux). Une partie de la flore la plus importante de l’État est la forêt d’arbres à feuilles caduques qui se trouve naturellement dans la région.

S’élevant jusqu’à 7–8 m de haut, le bursera aloexylon (l’aloès) est une plante endémique de la région qui a prospéré dans son climat tempéré (essentiellement chaud et sec) avec une moyenne de précipitations annuelles située entre 780 millimètres (mm) à 1000 mm et des températures maximales et minimales mensuelles qui varient entre 22° C et 30° C.


Le Guerrero a toujours été le centre d’un riche mélange de peuples comme les Nahuas, les Mixtèques, les Amuzgos et d’autres, y compris des peuples d’origine africaine et européenne (Photo : Javier Hidalgo).

L’aloès donne un bois (appelé linaloé ou bois d’Olinaloe), une résine et une huile naturellement parfumés. Ce bois était traditionnellement utilisé par les artisans et les femmes d’Olinala comme un matériau clé pour leur artisanat.

En effet, depuis le milieu du XIXe siècle, les huiles essentielles de linaloé sont transformées à des fins domestiques et exportées vers les marchés des parfums européens et américains. Les aloès ont ultérieurement fourni le bois dont la plupart des produits traditionnels d’Olinala sont faits.

De plus, les courges magnifiquement transformées de la région proviennent du fruit de l’arbre local “jicara” (calebassier) (genre crescentia) et de lianes (genre lagenaria). Les autres matériaux importants localement fournis pour les artisanats d’Olinala sont les huiles et les pigments en terre (extraits de dépôts à proximité d’Olinala et doucement chauffés avant d’être transformés en poudre), des plumes d’oiseaux et des queues de cerfs.

Comme un artisan local l’a déclaré “tous mes matériaux proviennent de la montagne [avoisinante]. Je fabrique ma propre huile de chia que quasiment plus personne n’utilise […] Je dois travailler comme mon père et mon grand-père avant moi.”

Afin d’optimiser le potentiel de ces biens locaux naturellement présents, les artisans ont exploité leur patrimoine géographique et culturel dans le cadre d’une tentative destinée à lancer des produits de qualité, reconnaissables sur le marché international concurrentiel des produits laqués.

Appellations d’origine

Les appellations d’origine (AO) sont une forme de propriété intellectuelle qui peut apporter une protection juridique à des producteurs en les reliant à leurs produits, par le biais de leur culture et de leurs méthodes de production et à un lieu géographique spécifique.

Pour protéger une appellation d’origine pour les artisanats d’Olinala, l’UAO a travaillé avec le Gouvernement du Mexique et plusieurs autres organisations, dont l’Instituto Nacional Indigena (INI) – une organisation qui soutient les droits des peuples indigènes – et le Fondo Nacional Para El Fomento De Las Artesanias (FONART) – une organisation nationale qui défend les artisans mexicains.

En promulguant la loi de 1991 sur la promotion et la protection de la propriété intellectuelle (la loi de 1991, qui inclut les appellations d’origine), le Gouvernement mexicain a en outre reconnu la nécessité de promouvoir le patrimoine et les entreprises du pays tout en protégeant les producteurs contre la concurrence déloyale.


La pâte de tecoztle a la texture du sable, est d’une couleur jaunâtre et est mélangée à des huiles provenant de graines de chia mexicaine, photographie (Photo : Jonhinda Dockens)

Peu après, en 1993, les artisans de l’UAO ont demandé une appellation d’origine pour Olinala Olinala à l’Instituto Mexicano de la Propiedad Industrial (IMPI), l’Office mexicain de la propriété intellectuelle

Après avoir été déclarée dans le Journal officiel de la Fédération de l’IMPI en 1994, l’appellation d’origine a ensuite été enregistrée dans le Système international des appellations d’origine (1995) géré par l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI).

Le certificat d’appellation d’origine d’Olinala peut être accordé à tous les artistes de la municipalité qui répondent aux normes strictes de qualité et aux procédures de production fixées par les membres de l’UAO ainsi qu’aux normes mexicaines officielles (NOMS) pour les appellations d’origine.

Conformément à la loi de 1991, les demandeurs d’une appellation d’origine doivent fournir la preuve qu’ils répondent aux critères des NOMS (qui sont fixés par le Secrétariat de l’économie, un département du Gouvernement mexicain) et doivent faire l’objet d’une certification, d’une vérification et d’un suivi pour attester du respect de ces normes (comme déterminé par les équipes des administrations de certification).

Depuis l’octroi de l’appellation d’origine d’Olinala, les artistes de la municipalité qui répondent aux normes du certificat ont pu améliorer la qualité de leurs produits, les différencier de ceux des concurrents et des faussaires et faire leur entrée avec assurance sur le marché local, national et international.

Gestion de marques et commercialisation

Après des décennies d’indifférence généralisée, les artistes d’Olinala ont pris de plus en plus conscience de la nécessité de commercialiser leurs produits sous une marque, soit au moyen de leurs propres noms, soit au moyen d’une certification d’appellation d’origine d’Olinala, ou encore au moyen des deux, afin de pénétrer avec succès le marché avec des produits reconnaissables.

La certification de propriété intellectuelle collective a été utilisée comme moyen de surmonter trois conditions potentiellement préjudiciables sur le plan économique, que les artistes de la région avaient longtemps endurées : l’éloignement géographique, l’individualisme forcené et un accès limité au marché.

Étant donné que la municipalité se trouve dans les hautes terres rurales dont les voies d’accès étaient autrefois plutôt mauvaises (Olinala se trouvait à environ neuf heures de route des principaux centres de commerce, comme Mexico), il était difficile pour les artisans d’Olinala d’apporter leurs produits souvent fragiles jusqu’aux centres commerciaux.

Historiquement, les méthodes traditionnelles de transport n’étaient pas fiables et consistaient en un voyage dangereux de trois jours à travers les montagnes depuis Olinala jusqu’à Mexico au moyen de transporteurs humains ou animaux. Le fait d’être éloigné et de devoir s’en remettre à des moyens de transport inefficaces affectait l’accès des producteurs aux centres d’affaires.

Les artistes d’Olinala s’étaient également forgé une réputation notoire d’individualisme. Cela signifiait que les efforts collectifs déployés à des fins de commercialisation étaient difficiles à initier et que les succès se limitaient généralement à quelques rares artisans isolés.

Ces conditions restrictives se traduisaient des coûts accrus et des profits diminués pour la majorité des artistes de la municipalité.


Célèbre non seulement pour sa fabrication de laque et son riche mélange culturel, l’État du Guerrero est également renommé pour son agriculture, ses mines et son tourisme reposant sur un environnement majestueux (Photo : Travelian.com)

Des années 60 et 70 et jusqu’à ce jour, des efforts visant à améliorer et modifier ces facteurs ont toutefois été déployés par plusieurs organisations, dont l’INI, le FONART et d’autres institutions et conseillers en développement rural.

Sur la base d’une initiative fructueuse destinée à aider les artisans spécialisés dans les feuilles de palmier tressées de La Montana (une région du Guerrero) à développer la production et à commercialiser avec succès leurs produits grâce à des efforts collectifs, l’INI a collaboré avec des experts en développement international afin d’améliorer l’accès à la région. De plus, cette initiative a mis en œuvre des programmes de formation pour les artisans d’Olinala en matière de méthodes et principes modernes de commercialisation, de distribution et d’entreprise coopérative.

L’une des premières innovations entreprises dans ce domaine a consisté à améliorer les voies d’accès aux principaux centres comme la ville de Mexico de façon à ce que les artisans puissent transférer leurs produits de manière efficace et commencer à élargir leur marché cible à des sphères nationales et internationales.

Pour atteindre ces objectifs, l’INI et le MNAIP (Musée national des arts et industries populaires) ont commencé à coordonner des voyages en aéronef léger entre Olinala et des villes comme Cuaulta, à 58 kilomètres au nord-nord-est de Mexico, qui ont aidé des artisans à apporter leurs produits rapidement sur les marchés régionaux riches en avides consommateurs.

Ainsi, ce qui avait été un processus qui prenait des semaines pour les artistes, dont les voyages à travers les montagnes, a été réduit à un vol de 25 minutes. Ces avions se sont avérés être une amélioration essentielle dans les systèmes de transport de la région. Cependant, en raison de leur coût élevé, seuls les artisans bien établis pouvaient se les offrir.

Peu après, des mesures plus rentables (une nouvelle route asphaltée reliant le Guerrero à d’autres grandes régions, dont la ville de Mexico) ont été introduites dans la région sur la base d’un financement gouvernemental et avec l’appui entre autres du FONART. Grâce à l’introduction dans la région de camions et bus munis de roues surélevées, les artisans d’Olinala ont finalement pu apporter leurs produits sur un marché en plein essor de manière rentable.

Avec l’accès amélioré aux marchés locaux et régionaux, les artisans d’Olinala ont non seulement pu fournir leurs produits par le biais d’intermédiaires à des centres régionaux de commercialisation très fréquentés (notamment par des touristes).

Ils ont également pu accéder à des marchés internationaux, en particulier à l’Union européenne et aux États-Unis d’Amérique par le biais d’acheteurs internationaux et de parents vivant à l’étranger.

Au fur et à mesure que l’accès aux différents marchés s’est amélioré et que les coûts ont chuté, les ventes annuelles d’artisanat en provenance de la région ont augmenté d’environ 10 millions de dollars É.-U.


Les produits d’Olinala, dont les coffres laqués (photographie), sont devenus des pièces maîtresses de salles prestigieuses, y compris un élément de décoration intérieure de grandes institutions comme l’hôtel Intercontinental de la ville de Mexico (Photo : Patti Haskins)

Pour diverses raisons, notamment la nature relativement peu rigoureuse de ces améliorations (de nombreux artistes n’avaient pas accès aux acheteurs internationaux privés, ni à des parents vivant à l’étranger), l’accès au marché et le succès étaient inégaux et certains artisans réussissaient mieux que d’autres.

Depuis la création de l’UAO et l’octroi de l’appellation d’origine d’Olinala, les artisans de la région ont travaillé de concert avec le gouvernement de l’État du Guerrero et d’autres afin d’élaborer des politiques de développement plus systématiques.

Par le biais de cette méthode, les partenaires ont prévu de garantir des protections pour les artisans de la municipalité et leurs produits, d’offrir un climat économique stable avec des incitations à la production d’objets de qualité et promouvoir un accès plus uniforme au marché.

Le gouvernement local d’Olinala a, par exemple, amélioré la cohérence en matière d’accès aux facilités de crédit que les artistes peuvent solliciter afin d’investir dans l’amélioration des normes de production pour répondre à celles fixées par la coopérative et l’appellation d’origine de la municipalité.

De plus, une fois qu’un artisan donné est certifié répondre aux normes de la certification de l’appellation d’origine, il ou elle peut afficher sa marque sur le produit et la commercialiser en toute confiance tout en rassurant les clients sur son authenticité.

Le gouvernement du Guerrero a également travaillé avec les membres de l’UAO dans des campagnes conjointes de sensibilisation aux produits, notamment des salons commerciaux coparrainés à la fois aux niveaux régional et national. De juillet à août 2011, par exemple, l’État du Guerrero a lancé une vaste promotion internationale de produits et une exposition à des fins de commercialisation dans la ville de Mexico intitulée : “Guerrero: Flor y Color” (Flor y Color), à l’aéroport international Benito Juarez, le plus grand et le plus fréquenté des aéroports du pays.

Installés dans un des halls d’exposition de l’aéroport, plus de 100 artistes de la région ont présenté leurs produits (dont des poteries, des textiles, des bijoux et les fameuses boîtes laquées d’Olinala) à une clientèle internationale comprenant des milliers de touristes en visite. Soutenus par l’appellation d’origine d’Olinala, l’exposition Flor y Color a pu rassurer les visiteurs et clients sur l’origine culturelle et géographique et la qualité des produits.

En outre, ayant souffert par le passé d’un environnement économique incertain en raison de fluctuations de prix, l’UAO a œuvré avec le FONART afin de garantir une certaine stabilité à ce secteur.

Grâce à une série d’accords de licence avec le FONART détenus par des boutiques dans le pays (dont six sont situées à Mexico), les artisans hommes et femmes d’Olinala ont pu commercialiser leurs produits, à un prix convenu, à un large éventail de clients locaux et internationaux.

Grâce à une assistance au niveau national et à des coopérations avec d’autres institutions, l’UAO et ses artisans ont donc pu exploiter l’appellation d’origine de la municipalité, développer de meilleures voies d’accès aux marchés et stabiliser l’environnement économique dans le secteur afin de commercialiser avec succès et en toute confiance leurs produits.

Environnement


Des efforts concertés ont été déployés dans le pays pour préserver non seulement le patrimoine humain de la nation, mais également les ressources naturelles dont dépend son avenir, y compris des produits tels que les courges, photographie (Photo : Christopher Porter)

Avec le succès et l’augmentation de la demande de produits en bois d’Olinala, une pression accrue a été exercée sur les ressources naturelles vitales de la région. En effet, depuis le début du XXe siècle, la distillation des huiles de linaloé s’est intensifiée et, associée à un déboisement non réglementé dans la région, a mené à un rapide déclin (dont l’apogée a eu lieu dans les années 30) des aloès de la région.

Après une baisse du déboisement dans l’État du Guerrero pendant la Seconde Guerre mondiale, le Service mexicain des forêts a adopté des mesures destinées à protéger les ressources en arbres vitales, mais épuisées de l’État. Cependant, étant donné que l’application de ces lois n’était pas systématique (en raison, en partie, du manque de ressources des autorités chargées de l’application des lois ou de ressources consacrées à l’éducation des populations locales concernant les bonnes méthodes de conservation), le déboisement s’est poursuivi à un rythme effréné.

À la fin des années 70 et au début des années 80, le Gouvernement du Mexique et d’autres institutions ont réalisé qu’une approche plus proactive était nécessaire pour garantir la protection des ressources dont les communautés marginalisées du pays dépendaient. Établie par le Gouvernement mexicain en 1977, la Coordinación General del Plan Nacional de Zonas Deprimidas y Grupos Marginales était un organisme d’État qui travaillait avec les communautés marginalisées dans un effort de protection de leurs ressources socioéconomiques et naturelles.

En 1997, le gouvernement a en outre lancé à l’échelle nationale un programme de conservation de la vie sauvage et de la diversification des produits dans le secteur rural (le Programme de diversification). Le programme de diversification était destiné à réduire durablement l’incidence des arts traditionnels sur les aloès (sans détruire complètement les traditions) en employant des matériaux alternatifs (comme le pin) dans la production d’objets artisanats d’Olinala.

Après avoir tiré les enseignements des précédentes erreurs faites en matière de conservation, un effort concerté a été déployé dans le pays pour préserver non seulement le patrimoine humain de la nation, mais également les ressources naturelles dont son avenir dépend tant.

À cette fin, l’Institut national d’écologie du Mexique, l’Université nationale autonome et le conseil des villages de Nahua du Haut-Balsas dans le Guerrero ont entamé un programme de suivi pour les arbres en danger dans la région, dont les aloès, qui sont utilisés par ses artisans. La désignation d’appellation d’origine pour Olinala, qui reconnaît la dépendance de la municipalité à l’égard de ses ressources naturelles fait partie d’une stratégie qui vise à assurer que les considérations environnementales se trouvent au cœur du programme de développement de la région.

Résultats de l’entreprise

Depuis la création de l’UAO et la déclaration d’appellation d’origine pour Olinala, on a pu observer une amélioration régulière des conditions socioéconomiques et environnementales de la municipalité traditionnellement marginalisée. Dans le cadre de son ascension régulière vers un bel avenir, la région a été l’objet de récompenses et d’une reconnaissance pour ses expressions culturelles traditionnelles, ses savoirs traditionnels et son artisanat.


Pendant des générations, Olinala a eu une industrie artisanale florissante de produits “maque” finement ouvragés et magnifiquement fabriqués à la main (Photo : Karen Elwell)

Le Gouvernement mexicain, par exemple, a présenté les artisans d’Olinala au Prix national des sciences et des arts dans la catégorie des arts populaires et traditionnels (1993). L’isolement géographique de la communauté et les problèmes d’accès au marché se sont également améliorés depuis la construction d’une nouvelle route reliant Olinala à la plus proche autoroute de l’État du Guerrero.

D’autres avancées ont été faites pour améliorer l’infrastructure locale, dont la mise en œuvre de réseaux de communication modernes comme des lignes téléphoniques et l’accès à Internet par le biais du bureau municipal. Ainsi, non seulement le commerce des artisanats d’Olinala s’étend localement, mais il s’est développé pour atteindre le marché national et international.

Les artisanats d’Olinala figurent en bonne place dans les salles d’exposition du FONART à Mexico (où ils sont exposés et vendus dans la célèbre rue “Avenida de la Reforma”) ainsi qu’à d’autres endroits dans la ville comme le centre commercial appelé Mercado Artesanias la Ciudadela. Ces produits (dont les coffres à bijoux) sont devenus des pièces maîtresses de salles prestigieuses, faisant y compris partie de la décoration intérieure de grandes institutions comme l’hôtel Intercontinental à Mexico.

De plus, en raison de la demande internationale accrue pour ces objets, les artistes d’Olinala ont personnalisé leurs créations pour répondre aux goûts et aux motifs toujours plus haut de gamme en provenance d’Europe (Allemagne), d’Amérique du Nord (États-Unis d’Amérique) et d’Extrême-Orient (notamment le Japon et la Corée du Sud).

Produisant non seulement des produits haut de gamme pour des clients aisés internationaux, les artistes de la région continuent à diversifier leur gamme des produits et leurs prix tout en maintenant leur grande qualité traditionnelle. Les objets bon marché comprennent un large éventail d’objets d’usage quotidien comme les jouets pour enfants, des produits de gamme moyenne comme les plateaux pour repas et des produits haut de gamme comme les tables qui peuvent être achetés sur les marchés locaux, les magasins urbains et les aéroports internationaux.

L’artisanat d’Olinala a par conséquent apporté le progrès et la perspective d’un avenir radieux à une communauté montagnarde historiquement marginalisée au riche patrimoine culturel et naturel. Le secteur revitalisé a abouti à un meilleur accès au marché pour ses artisans et à une infrastructure et des moyens de communication modernes pour les habitants de la municipalité. En conséquence, le secteur des artisanats laqués à Olinala représente 80% de l’économie de la région.

L’art et l’artisanat du progrès

Pendant des générations, la communauté indigène d’Olinala a fabriqué de magnifiques ornements et objets laqués à usage quotidien à partir de bois ou de courge. Reposant traditionnellement sur de petites unités familiales dans une région isolée, la communauté a découvert une possession commune dans leur patrimoine culturel et géographique, a construit des réseaux commerciaux locaux, nationaux et internationaux et a entrepris de revitaliser son économie tout en préservant son environnement et sa culture.

Avec la déclaration d’une appellation d’origine pour Olinala, il a été insufflé un nouveau regain de fierté traditionnelle et les portes du progrès économique se sont ouvertes.


Last update:

21 décembre 2012


Country/Territory:
Mexique

Company name:
Unión de Artesanos Olinca, A. C

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