Les dépenses mondiales en logiciels devraient atteindre près de 700 milliards de dollars É.-U. en 2024, soit une hausse de 50% par rapport à 2020; les États-Unis d’Amérique creusent leur avance

En 2024, les dépenses mondiales en logiciels ont atteint 675 milliards de dollars É.-U., soit une hausse nominale de près de 50% par rapport aux 454 milliards de dollars É.-U. enregistrés en 2020. Ces chiffres, qui ne sont pas ajustés en fonction de l’inflation, témoignent d’une forte volonté d’investir dans l’amélioration des logiciels après la pandémie. Cette augmentation va de pair avec l’essor du commerce électronique et la maturation des technologies d’intelligence artificielle (IA). Plutôt qu’un pic ponctuel, cette hausse marque une “nouvelle normalité” durable dans l’économie numérique : les dépenses annuelles en logiciels sont restées élevées et devraient se maintenir à ce niveau.

Les États-Unis d’Amérique conservent une avance confortable en matière d’investissements dans les logiciels, et sont en train de creuser l’écart. En 2024, les États-Unis d’Amérique ont dépensé 368,5 milliards de dollars É.-U. en logiciels, soit plus de la moitié du total mondial et près de six fois plus que le deuxième pays considéré comme le plus gros investisseur.

Comme le souligne le rapport de l’OMPI intitulé Données essentielles sur l’investissement incorporel dans le monde, les logiciels sont désormais l’un des investissements incorporels soutenus par la propriété intellectuelle qui connaissent la plus forte croissance au niveau mondial. Ils stimulent l’innovation technologique et organisationnelle et améliorent la productivité et la compétitivité, en particulier dans le secteur des services et, plus largement, au niveau de l’économie, principalement grâce à une plus grande efficacité des processus et à des décisions de meilleure qualité.

Ce blog met en évidence les principales informations tirées des dernières données (fournies par l’édition 2025 de l’Indice mondial de l’innovation de l’OMPI et S&P Global Market Intelligence) concernant l’évolution des tendances en matière de dépenses en logiciels après la pandémie. Il explique en conclusion comment l’IA et la transformation numérique dépendent des logiciels : si l’IA fournit des capacités prédictives et génératives, les logiciels permettent leur déploiement, leur gestion et leur mise à l’échelle.

Figure 1 : Tendance mondiale des dépenses en logiciels, en milliards de dollars É.-U., chiffres réels et prévisions, entre 2019 et 2027

Sources : Auteurs, sur la base de la base de données S&P Global Market Intelligence et de l’Indice mondial de l’innovation de l’OMPI

Le boom post-pandémie confirme un nouveau record dans les dépenses en logiciels

La période de pandémie a entraîné une augmentation sans précédent des dépenses en logiciels, propulsant les investissements mondiaux vers une nouvelle trajectoire plus élevée. En 2021, les dépenses mondiales en logiciels ont bondi de 33% par rapport à l’année précédente, un taux de croissance extraordinaire qui a établi une nouvelle référence. Plutôt que de revenir aux tendances d’avant la pandémie, les investissements annuels en logiciels se sont stabilisés autour de leur niveau élevé d’après 2021. En 2024, ce marché s’est chiffré à 675 milliards de dollars É.-U, et les projections indiquent que, sous l’effet de la numérisation accrue des entreprises, de l’intégration continue de l’IA et de l’expansion continue des infrastructures en nuage, les dépenses mondiales en logiciels atteindront près de 679 milliards de dollars É.-U. d’ici 2027.

Les États-Unis d’Amérique creusent l’écart dans les investissements mondiaux en logiciels

En 2024, les dépenses en logiciels aux États-Unis d’Amérique ont atteint 368,5 milliards de dollars É.-U., soit plus de 54% des dépenses mondiales. Ce chiffre est près de six fois supérieur à celui du deuxième pays, la Chine, et environ 16 fois supérieur à celui de l’Allemagne, qui occupe le troisième rang.

Le volume des investissements américains dépasse également celui de l’ensemble de l’Union européenne (UE). L’UE a dépensé collectivement 117 milliards de dollars É.-U. en 2024, soit moins d’un tiers du total américain. En effet, les États-Unis d’Amérique dépensent plus de deux fois plus en logiciels que l’UE et la Chine réunis.

Entre 2019 et 2024, les États-Unis d’Amérique se sont également classés au septième rang mondial en ce qui concerne l’augmentation des dépenses en logiciels (voir la figure 5).

Figure 2 : Dépenses en logiciels des principaux pays, en milliards de dollars É.-U., en 2024

Sources : Auteurs, sur la base de la base de données S&P Global Market Intelligence et de l’Indice mondial de l’innovation de l’OMPI

Figure 3 : Dépenses en logiciels des principaux pays, en milliards de dollars É.-U., chiffres réels et prévisions, 2019-2025

Sources : Auteurs, sur la base de la base de données S&P Global Market Intelligence et de l’Indice mondial de l’innovation de l’OMPI

Les cinq pays en tête du classement représentent 73% des investissements mondiaux dans les logiciels en 2024

Les États-Unis d’Amérique devraient creuser l’écart dans le domaine des logiciels grâce à leur écosystème unique de logiciels d’IA. Des entreprises telles qu’OpenAI, Google, Microsoft, Amazon et Meta développent non seulement des modèles d’IA avancés, mais les intègrent également dans de vastes plateformes logicielles. Les États-Unis d’Amérique disposent également des ressources nécessaires pour développer à grande échelle des innovations telles que les infrastructures natives de l’IA, l’AutoML ou l’IA explicable. Avec des dépenses en logiciels atteignant 61,8 milliards de dollars É.-U. en 2024, la Chine reste le deuxième investisseur mondial dans ce domaine. La Chine dispose d’un marché intérieur gigantesque pour les applications basées sur l’IA, allant de la fintech et de la logistique aux villes intelligentes, en passant par les technologies de surveillance. Des entreprises telles que Baidu, Alibaba, Tencent et Huawei disposent de gros moyens pour développer des logiciels intégrant l’IA à grande échelle. L’Allemagne se classe au troisième rang mondial en matière d’investissements dans les logiciels, avec 22,2 milliards de dollars É.-U. en 2024. Le Royaume-Uni, quatrième mondial avec 20,3 milliards de dollars É.-U. en 2024, est en tête de l’Europe en matière de développement de l’IA. En 2024, la France a investi 19,3 milliards de dollars É.-U. dans les logiciels, soulignant ainsi son ambition de devenir un leader mondial de l’IA. Des pôles d’innovation tels que Station F, ainsi que des initiatives telles que La Mission French Tech, ont favorisé l’émergence d’un écosystème dynamique de start-up, parmi lesquelles figurent des entreprises d’IA de renom telles que Mistral AI et Hugging Face.

Seuls quelques pays ont enregistré des changements notables dans leur classement au cours de cette période. L’Indonésie, par exemple, a réalisé des progrès significatifs, gagnant trois places et passant ainsi du 15e au 12e rang. L’Irlande fait son entrée dans le top 20, se classant pour la première fois en 2023 au 20e rang en termes absolus.

Figure 4 : Classement des 20 pays ayant dépensé le plus en logiciels, en dollars É.-U., entre 2020 et 2024

Sources : Auteurs, sur la base de la base de données S&P Global Market Intelligence et de l’Indice mondial de l’innovation de l’OMPI

Les pays à revenu intermédiaire enregistrent la croissance la plus rapide des dépenses en logiciels

Entre 2019 et 2024, les taux de croissance composés les plus élevés en matière d’investissements dans les logiciels ont été observés principalement dans les marchés en développement ou émergents. Douze des vingt marchés de logiciels affichant la plus forte croissance sont des pays à revenu intermédiaire répartis dans toutes les régions du monde, ce qui indique que de nombreux pays en développement réalisent des progrès significatifs dans le développement de leurs capacités en matière de logiciels et de technologies de l’information.

L’Iran (République islamique d’) se distingue avec un taux de croissance annuel composé d’environ 17%, soit le plus élevé au monde. Il est suivi par l’Argentine, l’Indonésie, le Sénégal, l’Inde et le Cameroun, qui enregistrent tous une croissance à deux chiffres. L’Argentine a renforcé son rôle dans l’externalisation de logiciels et le développement de talents grâce à des applications localisées dans les domaines de la fintech et de l’agritech, tandis que l’Indonésie a considérablement investi dans les logiciels destinés à l’administration en ligne, aux technologies de la santé et à l’IA pour la logistique et la traduction linguistique.

Figure 5 : Les 10 pays enregistrant la croissance la plus rapide en matière de dépenses en logiciels, taux de croissance annuel composé (%), entre 2019 et 2024

Sources : Auteurs, sur la base de la base de données S&P Global Market Intelligence et de l’Indice mondial de l’innovation de l’OMPI

Évolution du classement des dépenses en logiciels après ajustement en fonction de la taille de l’économie

Si l’on compare les dépenses en logiciels en valeur absolue aux dépenses rapportées au PIB (indicateur 6.2.3 de l’Indice mondial de l’innovation), les États-Unis d’Amérique occupent à nouveau le premier rang, suivis de l’Espagne, de l’Irlande, de la Suède et de l’Iran. Les États-Unis d’Amérique sont le seul pays à consacrer plus de 1% de leur PIB aux logiciels. Les performances de l’Espagne et de l’Irlande, mais aussi de la Suède, de l’Iran et du Danemark dans cet indicateur de dépenses en logiciels ajusté au PIB sont remarquables.

Tableau 1 : Principaux pays en matière de dépenses en logiciels, en milliards de dollars É.-U. (à gauche) et en pourcentage du PIB (à droite), en 2024

Sources : Auteurs, sur la base de la base de données S&P Global Market Intelligence et de l’Indice mondial de l’innovation de l’OMPI

Perspectives : l’IA stimule les investissements dans les logiciels

La hausse mondiale des investissements dans les logiciels reflète non seulement l’accélération de la transformation numérique, mais aussi un changement structurel plus profond : la convergence de l’ingénierie logicielle et de l’IA. L’IA est le carburant, tandis que les logiciels sont le véhicule.

La dynamique mondiale des dépenses en logiciels, qui devrait atteindre près de 700 milliards de dollars américains d’ici 2027, sera soutenue par l’adoption continue par les entreprises d’outils natifs de l’IA, par de nouveaux investissements dans les infrastructures en nuage et par le rôle croissant que jouent les systèmes logiciels évolutifs et intelligents dans tous les secteurs.

Les systèmes d’IA reposent en effet sur une architecture logicielle en couches :

• une infrastructure de données pour l’ingestion et l’étiquetage;
• des environnements de formation de modèles tels que TensorFlow et PyTorch; et
• des environnements de déploiement tels que les pipelines CI/CD utilisant Docker et Kubernetes, pour un fonctionnement évolutif et en temps réel.

À l’avenir, le rôle des logiciels dans l’IA consistera à

• rendre les logiciels plus autonomes, capables de détecter les bogues et de se réparer eux-mêmes, et
• accélérer, voire remplacer, le développement manuel grâce à des outils de génération de code.

Grâce au développement de logiciels dorsaux, l’essor des constructeurs d’IA sans code permet aux utilisateurs non techniques de créer des flux de travail intelligents.

Informations générales

L’Indice mondial de l’innovation comprend un pilier relatif aux produits du savoir et de la technologie, avec des indicateurs tels que les dépenses totales en logiciels informatiques en pourcentage du PIB (indicateur 6.2.3 de l’Indice mondial de l’innovation). L’OMPI collabore avec S&P Global, Market Intelligence, un des principaux fournisseurs de solutions en matière d’informations, de données et de technologies, afin de suivre les tendances concernant les investissements dans les logiciels et l’innovation numérique dans les différents pays. Consultez les profils des pays de l’édition 2024 de l’Indice mondiale de l’innovation pour les États-Unis d’Amérique, la République populaire de Chine, l’Allemagne, l’Inde et d’autres pays encore. Pour en savoir plus, consultez la page Web de l’Indice mondial de l’innovation et S&P Global Market Intelligence.