La Jamaïque et l’IGC, un véritable voyage
24 novembre 2025

En 2012, l’ambassadeur de la Jamaïque auprès de l’Office des Nations Unies et des autres organisations internationales à Genève a présidé le Comité intergouvernemental de la propriété intellectuelle relative aux ressources génétiques, aux savoirs traditionnels et au folklore (IGC) de l’OMPI. En 2022, la directrice de l’Office de la propriété intellectuelle de la Jamaïque a présidé ce même comité, avant la conclusion fructueuse de la conférence diplomatique en mai 2024, de sorte qu’il est juste d’affirmer que la Jamaïque reconnaît et apprécie l’importance de la propriété intellectuelle associée aux ressources génétiques, aux savoirs traditionnels et au folklore.
La connaissance de ce sujet n’est pas négligeable en Jamaïque et il est fréquent, en cas de maladie ou de problème, de se voir proposer un remède traditionnel ou un proverbe jamaïcain. Pour comprendre comment nous en sommes arrivés là, il faut revenir en arrière. Avec la disparition de l’Union Jack et le lever du drapeau jamaïcain à minuit le 6 août 1962, la Jamaïque a signalé au monde entier qu’elle était une nation indépendante, unie sous la devise “De plusieurs, un seul peuple” qui reflète la diversité ethnique et culturelle de son peuple.
Notre office est relativement petit et nouveau, dans une nation qui n’en est qu’à sa sixième décennie d’existence, mais comme on dit en Jamaïque “we likkle but we tallawah” (nous sommes peut-être petits, mais nous sommes forts et intrépides), une expression qui illustre notre réponse à la plupart des difficultés, que nous considérons comme autant de possibilités. Ainsi, l’ouragan Melissa, qui a dévasté l’ouest de l’île le 28 octobre 2025, n’a pu étouffer notre esprit indomptable puisque deux semaines à peine après son passage, certaines entreprises qui avaient été détruites ont repris leur activité. Certains obstacles semblent insurmontables, mais nous voyons chaque obstacle comme une possibilité, une possibilité de grandir, de se transformer et d’évoluer.
L’Office de la propriété intellectuelle de la Jamaïque incarne cet esprit et, au cours de ses vingt-trois années d’existence, il a su faire preuve de résilience. D’un office qui s’efforçait exclusivement d’expliquer la législation en matière de propriété intellectuelle et de la faire adopter, nous avons évolué et opéré une transition afin de reconnaître le pouvoir transformateur de cette législation et de nous focaliser sur cet aspect, et les travaux de l’IGC ont trouvé leur place dans ce contexte.
Notre action a notamment pris la forme d’un projet de patrimoine créatif facilité par l’OMPI, qui prévoyait une formation à la photographie et à la vidéographie pour les membres des communautés rastafari, revival et marron. Le programme s’est déroulé en deux phases, à savoir une formation au montage de films qui faisait suite à la formation à la vidéographie proprement dite. Cette formation a permis aux membres de la communauté marron de filmer la célébration annuelle historique des Marrons d’Accompong Town. L’utilisation de la technologie offre à ces communautés la possibilité de préserver, de documenter et de numériser leur culture.
En donnant à la communauté les moyens d’enregistrer ses propres traditions et expressions créatives, le programme lui permet de créer sa propre propriété intellectuelle, et ainsi de prendre des décisions éclairées sur la gestion de ses actifs de propriété intellectuelle, d’une manière qui corresponde à ses valeurs et à ses objectifs de développement.
La prochaine étape consistera à modifier notre législation pour y intégrer les dispositions du traité de l’OMPI de mai 2024.