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Cinéma indépendant : une entrevue avec Sarah Lotfi

Juin 2014

Par Catherine Jewell, Division des communications de l’OMPI

Une carrière de cinéaste demande beaucoup de détermination, une grande capacité d’adaptation et une vision claire. Le chemin peut être semé d’embûches. Les réalisateurs de films sont généralement choisis en fonction de leur parcours et il est donc très difficile, pour les cinéastes en herbe, de se faire accepter dans l’industrie du cinéma. Le seul moyen dont ils disposent pour étoffer leur CV et attirer des producteurs et investisseurs potentiels est de débuter leur carrière dans le cinéma indépendant. La scénariste, réalisatrice et productrice Sarah Lotfi, dont le travail a été primé, nous fait part de ses impressions et de son expérience dans ce domaine.

Comment vous êtes-vous lancée dans le cinéma?

J’ai toujours été fascinée par le cinéma. Dans ma vie, les films ont été une fenêtre ouverte sur le monde.

À ce jour, j’ai réalisé quatre courts-métrages qui ont été présentés dans des festivals. Menschen est de loin celui qui a connu le plus grand succès. J’ai réalisé The Last Bogatyr, une œuvre surréaliste qui parle de la Seconde Guerre mondiale sur le front russe, pendant mes années d’études en 2009. Ce film a été un succès dans les festivals et m’a aidé à me faire un nom et à devenir plus crédible aux yeux de bailleurs de fonds prêts à participer à un financement collectif. En 2010, ce film a été le lauréat régional et un finaliste national des Student Academy Awards, une compétition organisée par l’Académie des arts et des sciences du cinéma.

À ce jour, Sarah Lotfi a réalisé quatre courts-métrages. Menschen,
dont elle espère faire un long-métrage, est de loin celui qui a connu
le plus grand succès. (Crédit photo : Mark Mook)

Forte de mon expérience avec The Last Bogatyr, j’ai continué de travailler avec ce que j’appelle des reconstituteurs historiques, c’est-à-dire des personnes qui s’intéressent à l’Histoire sous un angle différent, et j’ai réalisé Menschen. Compte tenu de mon intérêt pour la Seconde Guerre mondiale dans le cinéma, ils m’ont conseillé de me documenter sur la Wehrmacht. Le thème de la Seconde Guerre mondiale a déjà été largement abordé et je cherchais une nouvelle perspective. J’ai un frère et une sœur qui ont des troubles importants du développement et dans Menschen, j’ai abordé la façon dont les nazis traitaient ce type de personnes. Mais au lieu de me focaliser sur le côté tragique, j’ai écrit une histoire positive, pleine d’espoir et d’humanité au milieu de toute cette brutalité institutionnelle, une histoire qui émeut au-delà des stéréotypes et dont j’espère qu’elle aura un effet durable. Menschen m’a aussi permis d’attirer l’attention du public sur ces handicaps.

Si l’objectif d’un film est de divertir, je pense qu’il peut aussi rendre plus fort. Conor Long, qui incarne Radek à l’écran, est atteint de trisomie. En le choisissant pour ce rôle, nous nous sommes rapprochés d’associations de défense et de soutien des handicapés. J’ai récemment fait une merveilleuse expérience lors d’un festival : une jeune trisomique est venue vers moi avec un grand sourire pour me dire qu’elle s’était vue dans le film.

Sarah Lotfi et Conor Long, qui incarne le personnage de Radek dans Menschen. Sarah Lotfi pense que le cinéma est un puissant outil de communication et qu’en plus de divertir, il peut rendre plus fort. (Crédit photo : Luke Askelson)

La réalisation offre une possibilité unique de sensibiliser le public à certaines questions et de toucher les gens. C’est un outil de communication tellement puissant! Il est incroyablement stimulant d’écrire une histoire et de la voir transformée en une œuvre audiovisuelle. Je pense que n’importe quel créateur vous le dira.

Pourquoi avoir tourné Menschen en allemand?

Je pense que les réalisateurs ont un devoir d’authenticité. Dans un film historique, cela signifie qu’il faut être aussi fidèle que possible à l’identité des personnages représentés. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi de tourner le film en allemand. Nous avons même engagé un professeur de dialecte pour avoir le bon accent. Ainsi, le film sera crédible pour le public européen.

Combien de temps vous a-t-il fallu pour vos recherches et la réalisation du film?

De la préproduction au montage final, il nous a fallu seulement neuf mois pour tourner ce film en 2012. Je suis une réalisatrice très ambitieuse et je veux avancer le plus vite possible. Menschen était un projet de grande ampleur pour un court-métrage indépendant. Le premier jour du tournage, jusqu’à 80 personnes étaient présentes sur le plateau pour notre principale scène d’action. Le tournage de scènes d’action très élaborées requiert beaucoup de planification et de coordination. Même le montage prend du temps.

Quels ont été les principaux défis à relever pour réaliser Menschen?

Obtenir des fonds est toujours un défi pour les cinéastes indépendants et s’avère particulièrement difficile pour de petits projets comme Menschen. Nous avons opté pour le financement collectif et avons organisé notre campagne de financement en trois étapes. Cela nous a permis de récolter de petites sommes d’argent à différents stades du processus de production, et d’être ainsi constamment à flot. Le financement collectif a été utilisé efficacement par de célèbres réalisateurs comme Spike Lee et Zach Braff. Ce type de financement offre aussi à des cinéastes inconnus et indépendants comme moi une opportunité incroyable de réaliser leurs projets. Les réalisateurs ont besoin de se constituer un public et de le connaître, et le financement collectif est utile dans ce sens. Lorsque vous réalisez un film comme Menschen, qui s’adresse à un public particulier, c’est ce public qui est attiré par le film et qui contribuera à son succès.

Les cinéastes indépendants se trouvent souvent dans des situations sans issue. Par exemple, ils entament des négociations pour engager des acteurs connus mais ces acteurs ne veulent pas signer, faute de financement. Dans le même temps, les investisseurs ne s’engageront pas sans acteur connu à la clé. Et les choses peuvent tourner en rond pendant longtemps… C’est pourquoi le financement collectif est du pain béni pour les cinéastes indépendants : ils peuvent ainsi se constituer un public qui croit vraiment en leurs projets et ils ont entre les mains de quoi négocier, même si le financement obtenu porte sur de petits montants et non sur l’intégralité de leur budget.

Les cinéastes indépendants font tout leur possible pour attirer des acteurs connus, grâce auxquels leurs films seront projetés non seulement dans des salles de cinéma, mais aussi dans des festivals. La tendance actuelle, pour les acteurs très connus, est de jouer dans des films indépendants. Certains estiment qu’un film indépendant avec un bon scénario leur permettra de jouer des personnages différents de ceux qu’on leur propose habituellement dans de plus grosses productions. S’ils ont le temps, ils sont prêts à accepter des honoraires moins prestigieux pour se lancer dans une aventure qui leur semble intéressante.

Le court-métrage Menschen a été produit en seulement neuf mois en 2012. Sarah Lotfi a déclaré que Menschen était un projet de grande ampleur pour un court-métrage indépendant (© Sarah Lotfi)

En tant que réalisatrice, quelle importance accordez-vous au droit d’auteur?

Le droit d’auteur est extrêmement important pour les réalisateurs et le processus de réalisation. La réalisation est un effort collectif, et le droit d’auteur rend cette collaboration possible. Après avoir réalisé Menschen en court-métrage, nous souhaiterions en faire un long-métrage. Si nous ne détenions pas les droits d’auteur pour ce film, nous ne pourrions pas l’envisager. Le droit d’auteur protège les intérêts des créateurs et empêche les tiers d’utiliser leur œuvre sans leur permission. Dans un monde compétitif comme le nôtre, les créateurs ne sont malheureusement pas toujours respectés. Le droit d’auteur donne aux créateurs les moyens de se défendre contre l’utilisation non autorisée de leurs œuvres.

Quel est le rôle des festivals du film?

Ces festivals permettent aux réalisateurs de faire connaître leurs œuvres à l’industrie du cinéma. Il existe de nombreux types de festivals. Certains sont consacrés aux films internationaux et nationaux, d’autres mettent à l’honneur des genres ou des sujets différents et d’autres encore célèbrent tous les films. Ce qui compte pour moi, c’est que mes films soient projetés dans un cadre où le public peut les apprécier. Et c’est pourquoi le droit d’auteur et la concession de licences sont importants. Imaginons par exemple que vous déteniez une licence pour l’utilisation d’une œuvre musicale dans un film mais que vous ayez négocié cette licence uniquement pour un festival; si vous finissez par négocier un contrat de distribution, la renégociation de la licence pourra être coûteuse et entraver les négociations. Lorsque vous négociez des contrats de licences, assurez-vous d’avoir la plus large couverture possible afin de ne pas devoir renégocier un contrat par la suite.

Quel est l’avenir du cinéma?

Le transmédia prend de l’ampleur. Un nombre croissant de projets reposent sur des contenus impliquant de multiples plates-formes, ce qui favorise l’interactivité. Les possibilités d’exploitation des contenus créatifs sont illimitées et permettent de toucher de nouveaux publics et de les faire participer. Prenez par exemple le cas de Pandemic 41.410806,-75.654259 de Lance Weiler, qui allie cinéma, technologies mobiles et en ligne, décors, jeux interactifs et visualisation de données. Ce film fait partie intégrante de l’expérience interactive autour de la fiction Pandemic 1.0, présentée au Sundance Festival de 2011, qui raconte la propagation d’une pandémie virtuelle que le public du festival a dû stopper en 120 heures. Je pense que l’intérêt pour ce type d’expérience interactive est alimenté par les jeunes adeptes de jeux vidéos. Les jeux vidéos sont devenus une partie essentielle de la culture des jeunes et représentent une industrie en pleine expansion.

Quel est votre message aux pirates?

Je comprends que le piratage existe, car les films ne sont pas toujours disponibles simultanément au format souhaité dans tous les pays du monde. L’industrie du cinéma fait tout son possible pour résoudre ce problème. Mais pour un cinéaste indépendant, il est très difficile de faire un film et d’en vivre. Nos droits de propriété intellectuelle sont notre seul moyen d’obtenir un retour sur investissement, et le respect de ces droits est le seul moyen dont dispose l’industrie pour se développer.

Cela me fait vraiment de la peine de voir des personnes sortir une caméra dans les salles de cinéma et enregistrer un film pour le mettre en ligne. Ces enregistrements sont à l'opposé de ce que souhaite l'artiste. J'ai beau vouloir que les gens voient mon film, je veux aussi qu'ils soutiennent activement l'économie cinématographique, et cela arrivera uniquement si le piratage diminue.

Il n'y a pas si longtemps, aller au cinéma était la seule façon de voir un film mais avec tous les nouveaux supports qui existent aujourd'hui, une sortie au cinéma constitue un plaisir coûteux. Cela dit, en tant que réalisatrice, j'aime que les gens perçoivent la manière dont j’envisage mon travail. Voir un film sur grand écran dans une salle équipée d'un bon matériel de sonorisation et visionner un film sur un écran de téléphone avec des oreillettes sont deux expériences totalement différentes.

Pouvez-vous nous parler de l’esprit de collaboration qui caractérise la réalisation?

Si la conception d'un film est le fait d'un seul artiste ou groupe d'artistes, la réalisation est un effort commun. Différentes personnes se joignent au projet à différents moments pour le faire aboutir. Un film ne peut pas être réalisé par une seule personne. Orson Wells a dit qu'un écrivain avait sa plume, un peintre son pinceau mais qu'un réalisateur avait besoin d'une armée. Il avait entièrement raison. Le succès d'un réalisateur est directement lié à sa capacité de travailler avec l'équipe de tournage et les acteurs. Le rôle du réalisateur est passionnant, mais il peut être intimidant car il peut y avoir tant d’obstacles à surmonter. Cela dit, quoi de plus valorisant pour un être humain que de savoir que sa collaboration avec les autres et leurs efforts communs sont à l’origine d’une grande œuvre? Je pense que c'est ce qui me plait.

La technologie numérique : opportunité ou menace?

La technologie numérique est toujours une opportunité car elle permet de créer des œuvres de qualité à un prix abordable. Par exemple, le format cinéma numérique (DCP) permet aux cinéastes comme moi de projeter leurs films dans de grandes salles de cinéma équipées d'un équipement de sonorisation en résolution 2K. Le coût de conversion d'un film numérique sur support magnétique est prohibitif par rapport au coût de conversion du même film au format DCP. Sans ces progrès, les cinéastes à petits budgets ne pourraient pas projeter leurs films. La technologie numérique élimine les obstacles pour les nouveaux cinéastes et favorise l'essor de notre industrie.

Quels sont vos réalisateurs préférés?

Ce que je préfère dans le cinéma, c'est qu'il est universel. Aucun film n'est parfait. Il y aura toujours des films à apprécier et qui nous inspireront. J'aime beaucoup ce qu'a fait Joe Wright avec Reviens-moi, Hanna et Anna Karenine. Dans le panthéon des réalisateurs classiques, j'aime le travail d'Ingmar Bergman, en particulier Le septième sceau, et Un homme pour l'éternité de Fred Zinnemann.

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