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Les éditeurs, maïeuticiens de la littérature

Juin 2012

Que représente la révolution numérique pour le monde de l’édition? Richard Charkin, Directeur exécutif de Bloomsbury Publishing, la maison d’édition de la saga d’Harry Potter et d’innombrables autres best-sellers, pense que c’est pour la génération actuelle l’occasion unique de transformer l’activité éditoriale. M. Charkin s’est récemment entretenu avec le Magazine de l’OMPI et lui a fait part de son point de vue sur les opportunités et les difficultés que rencontre actuellement le secteur de l’édition.


Richard Charkin
(Photo: Bloomsbury Publishing PLC)

Quel est le rôle d’un éditeur?

Notre travail consiste à débusquer des écrivains de talent et à les aider à perfectionner leur travail. Nous encourageons l’acte d’écriture et nous employons ensuite à faire connaître les œuvres au plus grand nombre. Nous collectons de l’argent pour le compte de l’auteur et nous efforçons, ce faisant, de réaliser des bénéfices.

Une partie de notre rôle consiste à mettre en contact les lecteurs et les auteurs et vice versa; la tâche est cependant plus complexe qu’il n’y paraît, notamment à l’ère du numérique. De fait, il nous incombe désormais de faciliter la création de plates formes et la navigation. Les métadonnées par exemple, à savoir les informations qui décrivent le contenu d’un ouvrage de façon à ce qu’il puisse être facilement retrouvé, constituent aujourd’hui un service indispensable à offrir aussi bien aux lecteurs et aux libraires qu’aux auteurs.

Qu’apporte réellement un éditeur à un auteur?

Tous n’apportent pas la même chose, c’est bien compréhensible. Tout comme les besoins varient d’un auteur à l’autre, les avantages offerts seront différents d’un éditeur à l’autre. Parfois, nous contribuons au financement de la création des œuvres en versant des acomptes sur redevances futures, ce qui est d’une aide précieuse pour l’auteur. Le processus d’édition en soi occupe également une place essentielle, bien qu’il soit en grande partie inconnu du grand public. Si certains auteurs pensent d’emblée que leur œuvre est absolument remarquable, la plupart d’entre eux admettent néanmoins avoir besoin d’un peu d’aide. Nous jouons également un rôle important en termes de conception, sachant que nous devons transformer le livre en un objet de désir. Néanmoins, ce qui est à mes yeux le plus intéressant, c’est la façon dont nous nous y prenons pour faire connaître l’ouvrage au public. Je ne m’explique toujours pas comment la magie opère mais je suis convaincu que tout repose sur l’originalité, la créativité et l’intelligence, et rarement sur le budget consacré à la publicité.

Quel est le secret d’un best seller?


"qu’est ce qui fait que l’histoire d’un jeune Afghan
publiée à mille exemplaires se transforme en un
ouvrage vendu à quatre millions d’exemplaires, comme
ce fut le cas pour Les cerfs-volants de Kaboul,
demeure un mystère. "

Tout comme il est assez facile de distinguer un bon auteur d’un mauvais, il est relativement aisé de faire la différence entre un produit à fort potentiel de vente et un autre. Cela étant dit, qu’est ce qui fait que l’histoire d’un jeune Afghan publiée à mille exemplaires se transforme en un ouvrage vendu à quatre millions d’exemplaires, comme ce fut le cas pour Les cerfs-volants de Kaboul, demeure un mystère.

Selon vous, quelles ont été les principales incidences de la publication d’Harry Potter?

Ce fut un réel conte de fées et nous sommes infiniment reconnaissants à J.K. Rowling pour tout ce qu’elle a fait en faveur de l’alphabétisation, de l’édition, de la vente de livres et la créativité. D’aucuns prétendent que le phénomène Harry Potter ne se produit que tous les 36 du mois mais en réalité, je pense que ce phénomène ne s’est produit qu’une seule fois en 500 ans, depuis l’invention même de l’imprimerie.

Permettez-moi de vous donner un chiffre particulièrement important à mes yeux: en Allemagne, nous avons vendu plus d’un million de livres en anglais du dernier tome d’Harry Potter, ce qui signifie que dans ce pays, un million de foyers possèdent dans leur bibliothèque un ouvrage relié de 700 pages en langue anglaise. En termes d’apprentissage d’une langue étrangère et de partage culturel, il s’agit d’une véritable prouesse.

Harry Potter a également permis de faire découvrir le plaisir de la lecture et de l’apprentissage à un très grand nombre de jeunes lecteurs, et il est à espérer que cette sensation les accompagnera tout au long de leur vie. J. K. Rowling a fait au monde un magnifique cadeau en ce sens.

Quelle est l’incidence de la technologie numérique sur le secteur de l’édition?

La révolution numérique que«traverse» le monde de l’édition en général est, selon moi, l’occasion unique de transformer notre activité en l’espace d’une génération à peine, et ce pour plusieurs raisons.

  • Pour la première fois, nous avons la possibilité d’atteindre nos lecteurs potentiels 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. Ils peuvent acheter nos livres où que ce soit dans le monde, qu’ils se trouvent à Djakarta, Buenos Aires ou Chicago; nous pouvons entrer en contact et ils peuvent acheter le livre qu’ils désirent et se mettre à le lire en l’espace de quelques minutes à peine. C’est extraordinaire.
  • Nous n’avons plus à abattre des arbres ni à acheter du carburant pour acheminer nos livres, ce qui est considérable du point de vue de la protection de l’environnement.
  •  Troisième avantage : la vitesse. Actuellement, de laréception d’un manuscrit par un éditeur à sa publication, il faut compter près d’un an, sachant que nous devons informer les libraires, réserver des espaces dans les vitrines, etc., ce qui prend énormément de temps. Or, les goûts évoluent de jour en jour, voire d’heure en heure, si bien qu’avec le numérique, une formidable occasion d’accélérer le processus éditorial s’offre à nous, ce qui est fascinant. Je crois que nous ignorons encore comment procéder, mais il est dans notre intérêt d’apprendre au plus vite!

Quels sont les gagnants et les perdants à l’heure de l’édition numérique?

Certains détaillants traditionnels vont devoir réfléchir à de nouvelles façons d’exercer leur activité. Il est difficile de déterminer quelle place ils occuperont face aux gigantesques cybermarchands. C’est d’ailleurs un problème pour les consommateurs, aussi bien au sein des économies émergentes que dans les pays développés, car les librairies sont d’une très grande utilité. J’espère qu’une solution sera trouvée.

Les bibliothèques publiques seront elles aussi mises à rude épreuve. Si les bibliothèques universitaires se créent une place dans les domaines des technologies de l’information et de la navigation, une épée de Damoclès est suspendue au dessus des bibliothèques publiques du monde entier. Compte tenu de leur rôle essentiel sur le plan culturel et en matière de vie sociale, leur disparition serait catastrophique.

Or, les bibliothèques publiques peuvent servir de centres de coordination pour la diffusion d’ouvrages numériques auprès des usagers. Nous avons ainsi créé le service Public Library Online, lequel permet aux bibliothèques d’acquérir des publications classées par thèmes et de les mettre ensuite à la disposition de leurs lecteurs, chez eux ou sur des appareils électroniques. Nous rétribuons les auteurs et mettons tout en œuvre pour réduire au maximum les atteintes au droit d’auteur. Servir de centre de coordination pour la diffusion d’ouvrages numériques confère aux bibliothèques publiques un véritable rôle dans l’intérêt des usagers.

Si le service Public Library Online a été initialement lancé au Royaume-Uni, il est désormais disponible en Australie, en Allemagne et aux États-Unis d’Amérique et peut être mis en place dans n’importe quel pays et dans n’importe quelle langue. Je crois que c’est l’occasion de mettre en place un service d'une très grande importance pour les bibliothèques publiques et les communautés locales.

Au XIXe siècle, l’homme le plus riche du monde, Andrew Carnegie, a financé la création du système américain de bibliothèques publiques. Ne serait-il pas formidable aujourd’hui de voir les personnes les plus fortunées au monde financer et instaurer un système international de bibliothèques publiques? Il suffirait juste de donner la première impulsion. L’opération ne serait d’ailleurs pas très coûteuse, la diffusion numérique reposant sur un fonds de roulement peu élevé et ne nécessitant l’occupation d’aucun bâtiment. Elle exige uniquement que des auteurs écrivent et soient rétribués pour leur travail et que nous fassions preuve d’un peu d’imagination.

Le rôle central que jouent les bibliothèques publiques dans les pays développés ne fait aucun doute, aux États-Unis d’Amérique comme au Royaume-Uni , mais le marché est gravement menacé sur le plan économique. Les bibliothèques doivent désormais trouver des solutions plus efficaces et plus rentables d’atteindre la collectivité. La diffusion numérique leur en donne la possibilité. Je pense néanmoins que cet aspect revêt une plus grande importance encore dans les pays ne disposant d’aucun système de bibliothèques publiques ou d’un système restreint. Je ne connais pas les statistiques exactes mais en Inde, par exemple, le nombre de bibliothèques publiques par habitant est très faible. Un système de bibliothèque publique numérique permettrait de desservir l’ensemble du pays et présenterait un excellent rapport coût/efficacité. Ne serait-il pas merveilleux que chaque Indien puisse consulter librement des publications dans toutes les langues depuis un point d’accès donné? À noter à cet égard que grâce à la technologie pdf, la diffusion numérique offre l’avantage d'éliminer tous les problèmes d’alphabet, de script ou d’illustration. Imaginez si le monde entier pouvait avoir accès à tous ces documents!

Pour ce qui est des gagnants incontestés, je crois que la révolution numérique sera bénéfique aux auteurs, à condition de se montrer vigilant s'agissant du respect du droit d'auteur, faute de quoi les conséquences seront catastrophiques. Le piratage numérique présente en effet une menace aussi importante pour la culture et l'innovation que les pires exactions des régimes totalitaires. Le droit d'auteur protège et favorise la liberté d’expression et les pirates ne sont ni plus ni moins que de vulgaires voleurs.

Quelles sont les plus grands défis lancés aux éditeurs aujourd’hui?

Ils sont nombreux! La façon de lire, par exemple, semble évoluer. Bien sûr, les lecteurs sont encore nombreux à apprécier de se plonger dans un livre, mais d’autres peuvent être effrayés à l’idée d’entamer Guerre et paix. Une nouvelle génération de lecteurs est apparue et devons tenir compte de leurs attentes et adapter notre activité en conséquence. Il ne s’agit pas seulement d’un changement dans les habitudes de lecture mais d’une évolution en termes de loisirs, de comportement et de la façon dont passer le temps.

Les livres sur papier sont-ils voués à disparaître?

Je suis persuadé que non. Bien sûr, il serait illusoire de penser que les ventes de livres imprimés se maintiendront au même niveau sur les marchés des pays développés mais je pense qu’il restera une large place pour les livres sur papier partout dans le monde. D’ailleurs, le livre papier est souvent plus adapté que le livre numérique.

Quelles sont les principales difficultés que rencontrent les éditeurs s’agissant du droit d’auteur?

Le piratage et d’autres intérêts particuliers mettent en péril le droit d’auteur. Chaque fois que l’on affirme que«toutes les informations devraient être gratuites», le droit d’auteur en pâtit. Un ami éditeur de longue date a créé l’aphorisme suivant à ce sujet: «là où l’information est gratuite, la liberté d’information est restreinte». Il y a toujours un payeur, et si ce n’est pas vous, il est impossible de savoir quels motifs poussent à agir de la sorte. Globalement néanmoins, je pense que l’industrie du livre est assez bien placée pour souligner la primauté du droit d’auteur et expliquer en quoi son rôle est essentiel.

L’OMPI a obtenu d’excellents résultats et si le secteur de l’édition est encore en vie, c’est en partie grâce à elle. Ce qui importe en matière de droit d’auteur, c’est de faire preuve de souplesse. À Tokyo, les gratte-ciels sont légèrement inclinés, ce qui leur permet de résister aux tremblements de terre. De manière analogue, je crois qu’un peu de flexibilité est bénéfique dans le contexte du droit d’auteur et il me semble que l’OMPI a brillamment réussi à trouver le juste équilibre entre souplesse et défense inflexible de ses principes directeurs.

Envisagez-vous avec optimisme l’avenir de l’édition?

Les pessimistes vous diront que tout laisse augurer un sombre avenir: chute des ventes, mise en faillite des librairies, repli des bénéfices, écrivains spoliés par des maisons d’édition à compte d’auteur, etc. Je crois au contraire qu’il y a plusieurs raisons de se réjouir. L’édition est en bonne santé parce que la propriété intellectuelle a une valeur réelle et parce que notre activité est essentielle. Il arrive que notre travail soit sous-estimé (parfois par nous-mêmes) mais nous apportons une réelle valeur ajoutée et les lecteurs semblent prêts à en payer le prix. Je suis donc optimiste, notamment en raison de l’envergure mondiale de l’activité éditoriale.

Que lisez-vous en ce moment?

Je viens de terminer un roman - imprimé - intitulé The Memory of Love, d’Aminatta Forna. Il a pour cadre la Sierra Leone et traite de médecins, de combats, de guerres et d’atrocités, mais il est magnifiquement écrit, extrêmement poignant et devrait connaître un énorme succès sur plusieurs décennies.

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