Pour les entrepreneurs autochtones, le commerce électronique en temps de COVID-19 présente de nouveaux défis et offre de nouvelles perspectives en matière de propriété intellectuelle
16 septembre 2020
Au cours d’un webinaire interactif de l’OMPI tenu le 11 septembre 2020, un groupe de spécialistes du commerce électronique et d’entrepreneurs autochtones et 300 participants du monde entier se sont réunis virtuellement pour débattre des nouveaux défis et des nouvelles perspectives en matière de propriété intellectuelle liés au commerce en ligne.
La pandémie de COVID-19 a eu des répercussions particulières pour les entrepreneurs des peuples autochtones et des communautés locales, qui vendent généralement des produits et services fondés sur les savoirs traditionnels dans des magasins, des marchés et des festivals. Dans un monde où le numérique est toujours plus présent, les entrepreneurs des peuples autochtones et des communautés locales se sont tournés vers le commerce électronique et les réseaux sociaux pour poursuivre et développer leurs activités, ainsi que pour commercialiser leurs produits. Ce passage à la vente en ligne soulève de nouveaux défis en matière de propriété intellectuelle au regard de la protection des œuvres, des idées et des images et à de la mise en valeur des produits et services dans un environnement numérique.
Au cours d’un webinaire interactif animé par Rebecka Forsgren, boursière autochtone de l’OMPI, les experts ont mis en exergue les principales questions et les principaux problèmes de propriété intellectuelle auxquels les entrepreneurs des peuples autochtones et des communautés locales font face en ce qui concerne le commerce électronique et les réseaux sociaux. Ils ont également présenté des instruments de propriété intellectuelle que toute personne souhaitant se lancer dans le commerce électronique peut utiliser et qui pourraient les aider à surmonter ces difficultés ainsi qu’à promouvoir concrètement leurs produits et services, et ont répondu aux questions des participants.
“Les consommateurs ont modifié leurs habitudes d’achat, a déclaré dans son introduction Juan Hoyos, conseiller au sein de la section chaînes de valeur durables et inclusives de la Division des entreprises et institutions du Centre du commerce international. Nous devons repenser notre offre et nous adapter à cette nouvelle situation”.
Deux entrepreneurs autochtones, Solveig Ballo, responsable du Sàmi Business Garden en Norvège, et Lucille Anak Awen Jon, créatrice de bijoux de la communauté bidayuh en Malaisie, ont fait part de leurs expériences et présenté des questions et des défis concrets liés à la propriété intellectuelle qui se posent pour les entrepreneurs autochtones en rapport avec le commerce électronique.
“Vous pouvez accéder à un marché mondial et valoriser davantage des produits uniques, mais vous pourriez également faire face à une appropriation culturelle et quelqu’un pourrait voler vos idées”, a indiqué Solveig.
“Doit-on déposer une demande de protection par le droit d’auteur […] pour les dessins et modèles qui appartiennent à la communauté ou qui s’en inspirent, a demandé Lucille. La question se pose, car à l’heure actuelle nous redoutons des atteintes à nos droits culturels et l’appropriation culturelle.”
Gabriele Gagliani, maître de conférences à l’Université Bocconi et professeur adjoint à l’Université Case Western Reserve, s’est penché sur la manière dont les droits de propriété intellectuelle peuvent aider à protéger et à promouvoir les actifs intellectuels, ainsi que sur la manière dont les instruments de propriété intellectuelle peuvent aider les entrepreneurs des peuples autochtones et des communautés locales à protéger et à promouvoir leurs actifs numériques. Il a donné des conseils pratiques de mesures que les entrepreneurs peuvent mettre en place pour faire connaître leurs droits de propriété intellectuelle, notamment en plaçant une mention de réserve du droit d’auteur sur la première page de leur site de commerce électronique, en publiant uniquement des images protégées par un filigrane numérique et en désactivant le clic droit sur les images.
“Les droits de propriété intellectuelle sont essentiels pour protéger et promouvoir [les produits fondés sur les savoirs traditionnels et les expressions culturelles traditionnelles], a déclaré Gabriele. Vous pouvez les protéger sans vous lancer dans le commerce électronique, mais vous pouvez aussi le faire en vous lançant dans cette activité. Ce n’est pas si coûteux et cela en vaut vraiment la peine. C’est un moyen de préserver vos savoirs traditionnels et de sensibiliser les consommateurs”.
“De nos jours, vos savoirs traditionnels et vos expressions culturelles traditionnelles sont les véritables produits de luxe”, a rappelé Gabriele dans sa conclusion.
- Visionner l’enregistrement du webinaire et consulter les exposés
- Pour en savoir plus sur la Division des savoirs traditionnels, vous pouvez vous inscrire à nos bulletins d’information électroniques.
- Cliquez ici pour en savoir plus sur notre programme pour l’entrepreneuriat autochtone.