Des centaines de millions d’habitants de la planète se heurtent chaque jour à un obstacle de taille : le manque d’accès régulier à des soins de santé abordables, fiables et de qualité (selon le Global Economic Symposium). Lorsqu’il s’agit de choisir entre soins de santé et subsistance quotidienne, abri et eau, c’est souvent la santé qui est reléguée au dernier rang des priorités, tandis que nombre de personnes sont en proie à de graves difficultés économiques au moment même où elles ont besoin d’être soignées (Organisation mondiale de la Santé (OMS), 2013). Conserver la meilleure santé possible, s’assurer une meilleure qualité de vie et enfin, pallier les conséquences économiques qu’ont la maladie et les accidents pour les ménages, les populations et la société supposent la possibilité d’accéder à de soins médicaux adéquats (OMS, 2009).
Même pour ceux qui ont la chance de bénéficier de soins de santé, les erreurs de communication et celles liées aux procédures de travail font que des millions de patients dans le monde ne reçoivent pas les soins dont ils ont besoin (OMS, 2013). Tiatros Inc. (Tiatros) est une jeune entreprise, créée en 2010, qui a l’ambition de changer cette situation à l’aide des technologies de l’information – que vous savez déjà utiliser si vous lisez ces lignes. Si les technologies de l’information ont une incidence quotidienne sur pratiquement tous les aspects de la vie de milliards de gens (Forum économique mondial (WEF), 2013), leur impact sur le secteur de la santé demeure limité dans de nombreuses régions (Forbes, 2014). Médecins, chercheurs et patients restent déconnectés les uns des autres, alors que l’infrastructure qui permettrait de changer les choses existe (ASCO Post, 2014).
C’est là qu’intervient Tiatros. Grâce à une image de marque forte et originale et à un portefeuille solide de propriété intellectuelle, cette PME a pour but de faire circuler des informations vitales auprès des praticiens professionnels de la santé, des chercheurs et des patients au moyen d’un “nuage de santé” et d’autres produits adossés à la technologie de l’information (selon un entretien par téléphone entre la cofondatrice et directrice générale de la société, Mme Kimberlie Cerrone, et le Bureau de l’OMPI au Japon).
Les fondateurs deTiatros poursuivent un objectif ambitieux : mettre au point une solution permettant d’échanger des informations médicales et d’en faciliter et sécuriser l’accès (Koplovitz & Co., 2014). Les hôpitaux et les médecins de nombreux pays s’en remettent généralement à une procédure archaïque pour coordonner les soins dispensés aux patients, par exemple le courrier, des visites limitées à l’hôpital et des procédures de traitement extrêmement lentes (CNN, 2013). Malgré le caractère omniprésent de la technologie de l’information, le secteur de la santé a mis du temps à en tirer pleinement parti, comme en témoignent de nombreux exemples dans le monde entier (ASCO Post, 2014).
On estime que plus d’un milliard de personnes dans le monde n’ont pas accès à des soins de santé réguliers (Bureau de référence sur la population (PRB), 2004). Lorsqu’une personne a effectivement accès à des soins de santé, il n’est pas rare qu’elle consulte plusieurs médecins dans le cadre de nombreuses consultations annuelles (plus de 10 dans certains pays, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), 2011). Un même patient peut avoir plusieurs dossiers médicaux, souvent dispersés et mal organisés (PR NewsWire, 2010), les tests sont généralement répétés et des erreurs médicales peuvent se produire (PR NewsWire, 2010, et selon Tiatros), et les patients risquent de ressentir une réelle dégradation de leur qualité de vie du fait d’un trop grand nombre de consultations inutiles (American Psychosomatic Society, 2013).
Ce genre de problèmes touche aussi fréquemment les essais cliniques et la recherche médicale, évaluée à plus de 1,4 billion de dollars des États-Unis d’Amérique par an (R-D Magazine, 2013). Médecins et chercheurs en médecine du monde entier ont généralement recours à de nombreuses méthodes pour diffuser des informations et coordonner leurs activités (OMS, 2011). En l’absence d’une communication efficace et d’accès à l’information, les patients risquent de ne pas être au courant des nouveaux essais cliniques auxquels ils pourraient participer, et les médecins de ne pas être informés des nouvelles possibilités qui découlent de la recherche récente (Rutgers University, 2004) et qui permettraient de traiter diverses pathologies médicales et cas d’urgence.
Tiatros s’emploie à résoudre ces problèmes en proposant des produits et services novateurs qui permettent aux différents médecins et à leurs différents partenaires médicaux, dans différentes parties du monde, d’accéder aux mêmes données et informations relatives à un patient, un essai clinique ou un projet de recherche médicale, en les stockant de manière sécurisée sur un “nuage” de la santé en ligne (une infrastructure de stockage sur l’Internet), accessible depuis tout dispositif connecté à l’Internet (selon l’entreprise). Cela permettrait de simplifier la gestion des données sanitaires, de remédier à des manques d’efficacité, de dispenser des soins de santé fondés sur une meilleure collaboration et d’avoir des résultats plus positifs pour les patients (selon l’entreprise).
En collaboration avec des universitaires et des experts en technologies de l’information, en protection des renseignements personnels et en sécurité de grands centres médicaux universitaires des États-Unis d’Amérique, Tiatros a mis au point un système, adossé à l’Internet, permettant de mutualiser les activités des prestataires de soins de santé, des médecins et des chercheurs et de faciliter leur communication et leur collaboration (Open Forum, 2014). Pour ce faire, l’entreprise a adapté les technologies qui sous-tendent les réseaux sociaux utilisés au quotidien par des milliards d’internautes (WEF, 2013) aux besoins du secteur de la santé (Bio Spectrum, 2013) pour créer un système original (PCRM) de gestion des relations entre toutes les parties prenantes de la prise en charge d’un patient (selon un entretien par courrier électronique entre la directrice générale de l’entreprise, Mme Cerrone, et le Bureau de l’OMPI au Japon).
Selon la directrice générale de l’entreprise, Tiatros déplace toutes les procédures d’échange entre centres de soins, dont le corps médical se sert pour coordonner le traitement des patients, vers un “nuage” de santé mobile, sécurisé et respectant la confidentialité, depuis lequel toutes les personnes concernées ont accès, de manière fiable et rapide, à l’ensemble des informations et des professionnels dont elles ont besoin et ce, à l’aide de n’importe quel dispositif connecté à l’Internet et en n’importe quel point de la planète. En outre, l’entreprise a mis au point des outils collaboratifs qui améliorent l’efficacité des services de soins et permettent aux médecins d’automatiser des procédures cliniques personnalisées en fonction des soins à dispenser..
Cet aspect collaboratif permet de coordonner les décisions prises par tous les intervenants en matière de traitement, tandis que les patients et leur famille peuvent participer activement aux soins en exprimant eux-mêmes leurs préoccupations ou en s’entretenant directement avec leurs médecins (BioSpectrum, 2013). Le service du “nuage de santé” proposé par la société permet aux patients et aux médecins de partager leurs dossiers médicaux complets en toute sécurité – y compris des enregistrements généralement difficiles à échanger, par exemple ceux d’examens IRM et par ultrasons – et d’y accéder à tout moment, depuis n’importe où, dans n’importe quel système de santé et dans tout bâtiment possédant une connexion à l’Internet (CNBC, 2012). La PME a également élaboré une solution permettant d’acheminer directement des données biométriques fournies par le dispositif médical d’un patient vers le PCRM et d’afficher directement et rapidement les évaluations cliniques des médecins sur le dispositif mobile du patient (selon Tiatros).
D’emblée, la société a accordé une grande importance à la protection des droits de propriété intellectuelle. L’actuelle directrice générale et ancienne fondatrice de la société exerce la profession de conseil en propriété intellectuelle; elle a fait bénéficier Tiatros de son savoir. “Très tôt, nous avons élaboré des stratégies de propriété intellectuelle intelligentes et cohérentes en matière de brevets et de marques. Nous avons une formidable politique du secret commercial et… nous promouvons d’autant plus notre modèle économique que, dès le départ, nous savions comment la propriété intellectuelle fonctionne dans le monde entier”, dit-elle.
Cette connaissance a permis à Tiatros d’exploiter sa propriété intellectuelle afin d’optimiser ses technologies et produits. La société a déposé un certain nombre de demandes de brevet auprès de l’Office des brevets et des marques des États-Unis d’Amérique (USPTO), par exemple un brevet sur la sécurisation des données téléchargées vers le nuage de Tiatros, et un brevet sur le système de la PME permettant aux médecins de proposer plusieurs options de traitement à leurs patients. Le but de ces demandes est de protéger les produits et procédés de la PME et d’attirer de nouveaux investisseurs et partenaires. “Tiatros suscite l’intérêt de dizaines de très grandes sociétés inscrites sur la liste Fortune 500, qui examinent la valeur de nos brevets publiés et prévoient que nous continuerons sur notre lancée”, indique Mme Cerrone. Suivant une démarche mondiale, Tiatros applique aussi le système du Traité de coopération en matière de brevets (PCT), comme le montre par exemple sa demande de brevet, déposée en 2012, sur des systèmes et procédés utilisés dans ses produits destinés au nuage de santé.
La protection des savoir-faire et des secrets commerciaux est un aspect de la propriété intellectuelle que Tiatros, entreprise éditrice de logiciels, exploite pour assurer sa compétitivité. “Nous menons une politique très élaborée en matière de secret commercial, applicable à nos employés, nos sous-traitants, nos clients et nos partenaires commerciaux actuels et potentiels. Nous prenons très au sérieux cette partie de nos activités”, affirme Mme Cerrone, qui souligne que, si Tiatros ne peut s’en remettre exclusivement aux secrets commerciaux, l’entreprise les utilise en complément de son portefeuille de brevets.
Aboutissement des efforts déployés par Tiatros en matière de propriété intellectuelle, ses marques déposées lui permettent de protéger et de développer sa stratégie d’image de marque et son identité. Dans son entretien avec le Bureau de l’OMPI au Japon, Mme Cerrone soulignait que, vu ce qu’il en coûte pour construire l’identité d’une entreprise au fil du temps, l’enregistrement de marques est un processus d’acquisition de droits de propriété intellectuelle qui peut produire d’immenses retours sur investissement. “Franchement”, s’interroge la directrice générale, “pourquoi hésiter à déposer une demande d’enregistrement de marque?” Le nom de la société – Tiatros – a été enregistré en tant que marque commerciale auprès de l’USPTO en 2013.
Les demandes et enregistrements de marques de Tiatros ne sont pas le fruit d’une réflexion après-coup, mais s’inscrivent dans une stratégie concrète et globale d’image de marque. “Imposer des marques à l’échelle mondiale coûte cher”, indique Mme Cerrone, “et la stratégie commerciale doit s’appuyer sur une longue réflexion préalable”. Le recours à la numérisation et à l’informatique en nuage pour assurer la collaboration en matière de soins de santé est un secteur relativement nouveau, explique la directrice générale. La clé du succès d’une nouvelle gamme de produits et services, c’est le nom qu’elle porte et qui doit trouver écho auprès de toutes les parties prenantes.
Pour construire cette nouvelle marque, Mme Cerrone a adopté une démarche originale. Elle explique sa manière de procéder au Bureau de l’OMPI au Japon : “J’ai dit à mon équipe que notre marque devait correspondre à un mot inventé, car je savais que les mots inventés forment généralement des marques solides”. Il importait de créer toute une mystique autour de l’identité de la société, afin d’établir un contact avec les gens et de les forcer à se souvenir du nom de la société – et à se poser des questions à son sujet. En même temps, un nom original a plus de chances de ne pas avoir été déjà enregistré en tant que marque et il est plus probable que tous les grands noms de domaine Internet de premier niveau soient disponibles. Selon Mme Cerrone, “la marque devait aussi présenter un bon équilibre visuel. Nous voulions concevoir un logo au design séduisant”.;
Après avoir passé au crible bon nombre de suggestions, Mme Cerrone et son équipe ont trouvé “Tiatros”. D’après la directrice générale, ce nom est formé à partir du préfixe iatro, qui reflète, en grec ancien, le caractère sacré des relations existant entre les médecins et leurs patients. “Nous avons ajouté le “t”, désignant la “technologie” et le “s” à la fin qui représente l’élément social”, indique Mme Cerrone. “Nous avons ainsi obtenu un nom inventé entièrement arbitraire qui n’existait dans aucune langue du monde”..
Dans son entretien avec le Bureau de l’OMPI au Japon, Mme Cerrone explique que, depuis sa création, l’entreprise Tiatros s’est attachée à commercialiser des produits et services qui, pensait-elle, seraient à la proue du secteur de la santé dans 10 ans. Cinq ans plus tard, Mme Cerrone confie au Bureau de l’OMPI au Japon qu’à son avis la société est bien partie pour atteindre ce but. Le Tiatros CarePod – nom donné au nuage sécurisé de l’entreprise, et l’un de ses produits phares – en est un bon exemple. Accessible dans le monde entier, et en toute sécurité, par les professionnels de la santé, les membres de la famille et le patient lui-même, le CarePod contient toutes les informations relatives au patient, les plans de traitement, des images médicales de grande qualité et les dossiers médicaux complets, ce qui permet au corps médical de consacrer davantage de temps à des soins personnalisés et d’en gagner par rapport à des procédures médicales auparavant lentes (BioSpectrum, 2013).
Parmi les autres produits proposés figurent un outil numérique gratuit permettant aux médecins et aux systèmes de recherche du monde entier de collaborer, des applications autorisant l’envoi instantané et sécurisé de messages personnalisés et la visioconférence entre patients et médecins, et un moyen de dispenser des soins à un patient sans nécessiter la consultation d’un médecin. Tout ce dispositif, fait valoir la société, marque l’entrée de la santé dans l’ère numérique, réduit la probabilité d’erreurs et améliore la prestation de soins de santé mieux adaptés.
En quelques années seulement, Tiatros est devenu l’un des chefs de file de la sphère numérique dans le secteur de la santé. Comme l’a fait remarquer Mme Cerrone, directrice générale de la société, dans son entretien par courrier électronique avec le Bureau de l’OMPI au Japon, “Tiatros promeut d’ores et déjà des services novateurs de soins aux patients et la recherche clinique de pointe dans plusieurs centres médicaux prestigieux des États-Unis d’Amérique. La société gravit rapidement les échelons afin de répondre à la demande de partenaires commerciaux et de grands prestataires de soins des États-Unis d’Amérique et du monde entier”. Grâce à l’expansion de ses partenariats, à ses nouvelles activités et à l’élargissement de son portefeuille de clients, la société est sur le point de franchir le seuil de rentabilité. D’ici à 2018, Tiatros devrait réaliser un bénéfice d’exploitation de plus de 38 millions de dollars (selon Tiatros).
De récentes études laissent à penser que les technologies du “nuage” commencent tout juste avoir des effets sensibles sur notre vie (selon The Economist Intelligence Unit), et Tiatros s’est avéré l’un des tout premiers acteurs à utiliser ces technologies dans le domaine médical. Au fur et à mesure de l’expansion de la société, les patients bénéficient de soins mieux personnalisés, en n’importe quel point du globe, les professionnels de santé sont en mesure de collaborer de manière plus efficace, et les effets négatifs d’un traitement inopérant pourraient continuer de s’atténuer.
Cette étude de cas se fonde sur des informations provenant de: