Analyse du phénomène du “tuyau percé” au Royaume-Uni
20 mai 2022
20 mai 2022 ・ 5 minutes reading time

Analyse du phénomène du “tuyau percé” au Royaume-Uni
Découvrez les méthodes employées par les chercheurs de l’UKIPO pour mesurer les disparités entre hommes et femmes en ce qui concerne l’activité en matière de brevets et leurs résultats.
Le terme “tuyau percé” illustre un phénomène touchant l’ensemble des domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STEM) : la sous-représentation croissante des femmes au fur et à mesure que sont gravis les échelons hiérarchiques. Dans de nombreux cas, l’écart se creuse au niveau de l’invention. Comment pouvons-nous mesurer le degré de “fuite” de ce “tuyau”?
Mme Pauline Beck nous présente la méthode employée par l’équipe d’experts de l’UKIPO, qui consiste à utiliser une combinaison de données sur l’éducation et son propre dictionnaire des prénoms classés par sexe, pour mettre en évidence le phénomène du “tuyau percé” au Royaume-Uni.
Ils ont tout d’abord utilisé les données du Royaume-Uni sur l’éducation afin de référencer la proportion de femmes dans les différents niveaux d’enseignement dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STEM), y compris au niveau des licences, des masters et des doctorats. Ils ont ensuite complété ces informations en s’appuyant sur les données relatives aux secteurs d’activités pour déterminer le nombre de femmes travaillant dans ces domaines en tant que chercheurs.
Mesurer les disparités entre hommes et femmes dans le domaine de l’innovation est un défi bien connu. Contrairement aux données sur l’éducation, les demandes de brevet ne divulguent pas le sexe des inventeurs, ce qui rend difficile l’identification des inventrices. Par conséquent, l’équipe de l’UKIPO s’est appuyée sur un dictionnaire britannique des prénoms classés par sexe pour identifier le sexe des inventeurs dans les demandes de brevet.
Plus précisément, l’équipe a appliqué le dictionnaire au champ du prénom de l’inventeur de la base de données statistiques mondiales de l’OEB sur les brevets (PATSTAT). L’équipe n’a attribué de sexe aux inventeurs que lorsque la probabilité était de 90%.
L’équipe a constaté qu’à l’échelle mondiale, les femmes représentent la majorité de la population scientifique au niveau de la licence et du master. Au niveau du doctorat, cette tendance s’inverse, les hommes représentant la majorité de la population scientifique. Cet écart entre les sexes continue de se creuser au fur et à mesure que la carrière du scientifique progresse, jusqu’à ce que les hommes représentent près de 90% des inventeurs dans les demandes de brevet.
Néanmoins, la situation s’améliore. En 1998, les femmes représentaient 8% des demandes de brevet au Royaume-Uni. Ce chiffre est passé à 11% en 2017, ce qui montre une amélioration constante au fil du temps.
Autres résultats de cette étude :
- Entre 2013 et 2017, seulement 6% des équipes qui réalisent des inventions étaient entièrement féminines, contre 69% d’équipes entièrement masculines. Ces chiffres comprennent également les demandes dans lesquelles la femme ou l’homme est l’unique inventeur.
- Dans les équipes mixtes, on compte en moyenne une femme pour 2,4 hommes.
- En 2017, les inventrices représentaient 13% des demandes de brevet dans le monde, ce chiffre a ainsi doublé au cours des 20 dernières années. À ce rythme, la parité sera atteinte en 2070.
- Les secteurs de la biotechnologie, des produits pharmaceutiques et de la chimie comptent la proportion la plus élevée de femmes (environ 50%) citées dans les demandes de brevet.
- Les secteurs des machines, des moteurs et des transports comptent quant à eux la proportion la plus faible (10%).
Voici quelques limites à leur étude :
- L’approche occidentale. Ils ont utilisé des données sur les noms de naissance du Royaume-Uni et des États-Unis d’Amérique.
- L’ambiguïté des noms unisexes n’a pas été levée.
- Le facteur temps est à prendre en considération pour la correspondance nom-sexe.
- Le sexe n’était comptabilisé que comme une variable binaire.
Vous souhaitez en savoir plus sur les méthodes employées par l’UKIPO ainsi que sur leurs résultats? Consultez leur Rapport complet “Gender profiles in worldwide patenting: An analysis of female inventorship”.






