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Auteurs, compositeurs, artistes : Musique – Inspiré par la vie

Septembre 2009

Cobhams Emmanuel Asuquo

L’OMPI a eu le plaisir d’accueillir le 13 juillet un concert du musicien, compositeur et producteur de musique nigérian Cobhams Emmanuel Asuquo. Né aveugle à Lagos en 1981, M. Asuquo a surmonté le défi que constituait sa déficience visuelle pour acquérir une reconnaissance internationale en tant que compositeur et producteur.

Bien qu’ayant une formation d’avocat, M. Asuquo a choisi de faire carrière dans la musique, son premier amour. En 2005, à l’âge de 24 ans, il signe un contrat de composition de chansons avec Sony ATV Londres. L’année suivante, il fonde sa propre société de production CAMP (Cobhams Asuquo Music Productions). Sa chanson la plus connue est probablement le grand succès “Fire on the Mountain”, qu’il a écrit et coproduit pour le premier album de la chanteuse Asa avec laquelle il travaille depuis 2004.

M. Asuquo a bien voulu accorder un entretien au Magazine de l’OMPI à l’issue de son concert. Il nous a parlé de droit d’auteur, de piratage, de son inspiration, de déficience visuelle et de bien plus encore.

Apprendre à jouer

“Je joue de la musique classique à l’oreille. J’ai appris à écouter et à reproduire. Parfois, ce n’est pas précis à 100%, mais ça tient la route, surtout parce que je fais attention aux détails de la musique. Mon doigté me donne quelques difficultés, car je n’ai pas appris à jouer de façon formelle. Il arrive que je n’aie pas la bonne technique pour jouer certaines notes à la vitesse voulue. J’ai conçu ma propre façon de jouer, et ça me réussit plutôt bien. J’écoute – encore et encore – j’aime, et après, je joue”.

Trouver l’inspiration

“Je suis énormément inspiré par quelqu’un que je ne vois pas. Ça peut paraître fou, mais c’est la vérité pour moi. Je suis largement inspiré par Dieu. Je pense aux choses que j’ai lues dans la Bible, et ça m’inspire, tout simplement.

“Je suis aussi très inspiré par certains environnements, une certaine ambiance. Par exemple, la salle de bains est probablement l’un de mes endroits favoris, car c’est là que je peux être astronaute, physicien, général de l’armée, prédicateur ou musicien.

“Je suis inspiré quand je ne suis pas vraiment content de la situation autour de moi. À bien des égards, je me vois comme un commentateur social, et beaucoup de choses que fait la société me rendent triste. Et quand ça m’arrive, j’ai de l’inspiration pour écrire.

“J’aime bien les longs trajets en bus ou en train : ils m’aident à écrire aussi. J’aime bien faire des voyages à l’étranger, aller dans des endroits que je ne connais pas. Je me rends compte que quand je suis coupé de mon environnement familier habituel, je deviens plutôt créatif, et j’écris. Je tire mes idées des conversations : des conversations longues, profondes, intelligentes, qui vont au cœur des choses, des conversations qui font apparaître le pourquoi des choses. Je suis inspiré par la vie, le témoignage des gens, mon expérience, l’amour. Je suis très romantique. L’expérience est source d’inspiration, et je m’en sers pour créer.

“Je suis aussi inspiré quand je suis devant mon piano : j’adore jouer. J’adore jouer. J’adore jouer. Je trouve une mélodie juste en promenant mes doigts sur les touches. Parfois, la musique me vient naturellement”.


Photo: OMPI/M. Martínez Dozal

“J’ai été influencé musicalement par des tonnes de gens : j’ai grandi en écoutant toutes sortes de musiques. J’ai écouté beaucoup de hip hop, beaucoup de jazz, les classiques des mystiques soufis, Hilda Garn, beaucoup de musique traditionnelle nigériane, du highlife au juju et au fuji, en passant par l’akbala : mes influences musicales sont très, très, très, très variées.

“J’ai été grandement inspiré et influencé par Stevie Wonder. Stevie Wonder est une icône. Stevie Wonder est génial. Cela dit, je veux me voir tel que je suis. J’ai une feuille blanche devant moi. J’ai une nouvelle trajectoire à écrire et c’est précisément ce que je suis en train de faire avec ma vie. Il y a beaucoup à apprendre des gens comme Ray Charles et Stevie Wonder. Mais je ne suis pas sûr de vouloir être un autre Stevie Wonder ou un autre Ray Charles. Je veux juste être moi, parce que j’ai quelque chose à dire, j’ai quelque chose à offrir. J’ai envie de partager mes pensées sur la vie, les questions sociales, les valeurs. Mes opinions sont peut-être différentes de celles de Stevie et de Ray. Je suis juste une personne parmi six milliards, qui a quelque chose à dire, qui a une trajectoire différente à tracer et qui a une empreinte différente à laisser sur le sable qui coule dans le sablier”.

"Le Nigéria est plein de talents prometteurs...  Notre industrie peut devenir un fournisseur de chansons de calibre international pour le reste du monde. "

La musique nigériane sur la scène internationale

“La principale source de revenus de ma société de production provient de notre travail avec les agences de publicité et les artistes. Nous travaillons avec de nombreuses agences de publicité au Nigéria, et nous travaillons aussi avec des artistes au Nigéria et en dehors de nos frontières. C’est lucratif, c’est sensé, ça nous permet de continuer à avancer.

“Un bon nombre de musiciens nigérians ont réussi à percer sur la scène internationale, et je trouve ça très encourageant. On peut dire que l’industrie commence à fleurir. Notre industrie musicale sort d’années et d’années de régimes militaires successifs, et les choses commencent à se mettre en place. Avoir une voix sur la scène internationale, c’est indiscutablement une bonne chose : ça veut dire que d’autres bonnes choses vont arriver. Le Nigéria est plein de talents prometteurs. L’industrie a besoin d’établir une structure qui l’aiderait à en produire encore plus, pour qu’elle puisse interagir d’une manière normale avec la scène internationale, pour que son succès ne soit pas considéré comme un coup de chance.

“Je pense que nous pouvons mettre en place une plateforme pour créer des chansons pour l’international. Notre industrie peut devenir un fournisseur de chansons de calibre international pour le reste du monde. Une partie de ce que nous faisons, chez CAMP, c’est de créer cette atmosphère. Mon garage est un studio de répétition, et j’aime bien y passer du temps avec des gens, à faire de la musique. Vous seriez étonné de ce que peuvent produire quelques musiciens qui font un bœuf dans un garage. Tout ça, c’est du potentiel, des chansons qui peuvent s’imposer sur la scène internationale. Alors, si dans notre petit garage, on peut faire ça, imaginez ce qui arriverait si l’industrie mettait en place une structure qui soutienne ça à grande échelle”.

Droit d’auteur : sensibiliser l’opinion

“Là d’où je viens, nous devons faire face à un certain nombre de questions concernant le droit d’auteur. La sensibilisation de l’opinion en est une, et ensuite, il y a le piratage et la structure en général. Selon moi, la sensibilisation est très, très importante. Peu de musiciens, d’artistes et de personnes qui créent des œuvres d’art sont conscients de l’importance du droit d’auteur. Nous avons la Commission du droit d’auteur [du Nigéria], mais trop peu de gens sont au courant de ses avantages, de sa mission et de ce qu’elle peut faire. Les gens ne sont pas assez sensibilisés pour pouvoir tirer parti du droit d’auteur. C’est déjà un problème en soi.

“Les artistes n’arrivent pas à profiter pleinement de leurs droits, car une grande partie de ce qu’ils créent est piratée et les bénéfices ne leur reviennent pas nécessairement. Les chèques de redevances n’arrivent pas jusqu’à eux. Dans certains endroits, les artistes ont l’habitude de remettre leur travail directement aux pirates, car ce sont les seuls à avoir des réseaux de distribution un peu importants. Je pense que le danger de cette pratique devrait être montré du doigt pour que les artistes réalisent qu’ils devraient s’opposer à ces gens. Travailler avec les pirates, ça crée une ambiance malsaine.

“Nous n’avons pas encore de structure pour assurer efficacement la protection du droit d’auteur. Le gouvernement doit apprendre à considérer le secteur de la création comme une industrie lucrative, comme n’importe quelle autre source durable de revenus pour le pays. Il pourra alors mettre en place une législation plus efficace en matière de droit d’auteur. Je pense que nous avons aussi besoin de décrets pour protéger les œuvres qui font l’objet d’un droit d’auteur et de décrets qui punissent sévèrement les pirates. Le piratage doit être pris plus au sérieux.

“Nous devrions revenir aux fondements, mettre en place un système plus logique, basé sur un réseau de distribution complètement nouveau : un réseau intégré, nouveau et bien pensé, où les gens sont conscients de leurs responsabilités en tant qu’artistes, et traitent avec les bonnes personnes”.

Des déficients visuels mis au défi


M.Geoffrey Onyeama, sous-directeur général de l’OMPI, félicite M. Asuquo après son concert. (Photo: OMPI/S. Shamoon)

“Être aveugle est une des meilleures choses qui me soient arrivées, car j’ai été mis au défi. J’ai été mis au défi de me lever et de foncer. Je me rends compte de l’importance de provoquer les choses et des résultats de l’inaction. L’un des défis que j’ai dû relever en tant que déficient visuel travaillant dans le secteur de la musique, c’est – à défaut d’une meilleure description – la solitude. Je dois me débrouiller tout seul, face à bien des difficultés.

“Je suis devenu une voix pour d’autres déficients visuels pleins d’aspirations qui voudraient entrer dans ce secteur. Feriez-vous confiance à un médecin âgé de 17 ans? Feriez-vous confiance à un chauffeur aveugle? On pourrait se poser la même question pour un musicien ou un producteur déficient visuel. Feriez-vous confiance à quelqu’un qui ne peut pas s’adapter au changement parce qu’il n’a pas accès aussi facilement aux interfaces et aux séquences? C’est une chose que j’ai réussi à maîtriser, si bien que les gens ont maintenant confiance dans mon travail. Mais j’espère que je ne suis pas le seul. J’espère que l’on accorde la même confiance à n’importe quel autre déficient visuel qui arrive dans ce secteur pour faire ce que je fais.

“Le principal obstacle pour les déficients visuels dans le domaine de la musique, c’est l’accès. Pour tirer parti des progrès technologiques, ils ont besoin de savoir manipuler, faire fonctionner, quelle que soit l’interface. Ensuite, ils doivent savoir comment se procurer les éléments susceptibles de les aider à améliorer leur art et leurs compétences. Ces éléments existent, mais pas en braille ou en version audio.

“Je fais plus de lecture en audio qu’en braille parce qu’il n’y a pas assez de documents en braille. L’équipement braille est généralement cher en Afrique. On peut avoir un Braille Note, un appareil qu’on utilise pour lire, pour combien? Environ 4 000 livres sterling, ce qui ferait environ 1 million de nairas? C’est beaucoup trop cher. J’ai la chance d’en avoir les moyens, mais ce n’est pas le cas de tous les déficients visuels qui vivent et travaillent au Nigéria.

“Internet a facilité les choses jusqu’à un certain point, mais il y a beaucoup de contenus sur la toile pour lesquels personne ne détient réellement de licence. Ça rend les choses plus compliquées… ou plus faciles pour ceux qui n’ont pas de scrupules. L’Internet n’avantage pas les gens des pays en développement pour acheter des logiciels, des livres, une interface ou un séquenceur sur Internet, parce qu’il faut payer avec une carte de crédit, alors c’est un problème. C’est un problème, et je pense qu’en Afrique et dans d’autres pays en développement, c’est même pire.

“Mon conseil aux déficients visuels qui veulent embrasser une carrière dans la musique, c’est de se lever et de foncer. Quoi que vous vouliez faire, il y a toujours 300 000 autres personnes qui veulent faire la même chose et 10 000 qui ont déjà commencé à agir pour y arriver. Il faut plus que simplement vouloir, il faut avoir le courage d’y aller et de faire les choses”.

Par Sylvie Castonguay, équipe de rédaction du Magazine de l’OMPI, Division des communications
Remerciements : Jean-François Arrou-Vignod, OMPI, Section des films et du multimédia, Geidy Lung, OMPI, Division du droit d’auteur et Samar Shamoon, OMPI, Section des relations avec les médias.

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