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L’homme de science, le brevet et les mangues - Comment tripler la récolte de mangues aux Philippines

Juin 2008


Dr. Ramon Barba: Biographie

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(Photos : OMPI/J-F Arrou-Vignod)

Naissance :
1939, Philippines.

Études : licence en agronomie (fruits) de l’université des Philippines;  maîtrise en horticulture de l’université de Géorgie (1963);  doctorat en horticulture de l’université d’Hawaï (1967).
Distinctions : élu à l’Académie nationale des sciences et de la technologie des Philippines, 2004.

La mangue. Un des fruits tropicaux les plus appréciés dans le monde. Les Philippines en ont récolté plus d’un million de tonnes l’an dernier. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. La vigueur de l’activité de production de mangues aux Philippines peut être attribuée en grande partie à l’ingéniosité d’un seul homme. 

Voici 40 ans, en effet, le Philippin Ramon Barba, docteur en horticulture, mettait au point une méthode toute simple pour induire précocement la floraison du manguier. Son invention, qui est largement utilisée de nos jours, révolutionna la culture des mangues aux Philippines, faisant de ce fruit l’une des principales exportations du pays.

L’histoire de M. Barba est racontée dans un court métrage que vient de publier l’OMPI, à l’occasion de la Journée mondiale de la propriété intellectuelle, dans le cadre de sa série sur les inventeurs et créateurs des pays en développement. Dans les extraits ci‑dessous de ses entrevues avec l’équipe de l’OMPI, il décrit son invention, l’effet qu’elle a eu et la bataille qu’il a dû mener pour la breveter. 

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Le problème

“J’ai étudié la production des fruits tropicaux à l’université, et je me suis toujours intéressé aux difficultés que posait celle de la mangue. Vous voyez, la mangue des Philippines a toujours été délicieuse. Mais avant 1976, c’était un fruit commercialement négligé à cause de la grande irrégularité de la fructification du manguier. Elle est très saisonnière. Sur toute une année, les arbres produisent seulement pendant un mois. Et quand ils fructifient bien une année, ils ne produisent pas l’année suivante.   Même pendant la saison normale, la production est erratique.

Nous avions déjà une méthode bien à nous, aux Philippines, qui consistait à induire la floraison avec de la fumée. Mais c’était une pratique pénible et coûteuse. C’est pourquoi nous nous posions tous la même question, comme étudiants : comment faire fleurir le manguier?"

Victoire

Nous avions compris que c’était l’éthylène contenu dans la fumée qui produisait cet effet. Mais on ne peut pas utiliser de l’éthylène comme cela; c’est un gaz; il faudrait couvrir l’arbre. Je me suis donc mis à faire des essais avec d’autres produits chimiques. Le nitrate de potassium était loin sur la liste, mais je l’avais ajouté parce que d’autres études m’avaient appris qu’il y a un lien entre le nitrate de potassium et l’éthylène. “Ça a marché – tout est parti de là.

"Le procédé est très simple. Il suffit de prendre un kilo de nitrate de potassium, de le mélanger à 100 litres d’eau, d’arroser une fois l’arbre, et au bout d’une semaine, on voit apparaître les bourgeons.  En deux semaines, les fleurs s’épanouissent déjà. C’était vraiment... unique. Je n’ai jamais vu de réaction aussi spectaculaire que celle‑là." 

Retombées économiques

"L’utilisation de nitrate de potassium pour induire la floraison a été une révolution pour l’industrie de la mangue aux Philippines. On arrose, et l’arbre produit des fruits. Cela permet de doubler ou de tripler le rendement. Et en plus, on peut produire des fruits à différents moments de l’année.

On a dit qu’aucune technologie n’a été aussi bénéfique à une culture que l’induction de la floraison du manguier par le nitrate de potassium. Alors qu’elle avait été pratiquement abandonnée, la mangue est devenue notre principale production fruitière à compter de 1974, avec des ventes totales de l’ordre de 46 millions de dollars É.‑U. Les Philippines sont actuellement l’un des principaux exportateurs de mangues au niveau mondial.

Les effets sont sensibles dans tous les domaines liés à la production de mangues. Tout le monde en a bénéficié : les sociétés qui vendent des pesticides, les gens qui s’occupent des récoltes, les emballeurs, ceux qui transportent les fruits sur les marchés, ceux qui fabriquent les paniers pour les mangues…

Et les arbres?

On pourrait s’attendre à ce que les arbres souffrent, à force de produire aussi souvent des fruits précoces. Nous avons donc fait une étude, et ce que nous avons découvert, c’est qu’il y a effectivement une incidence : après huit ans d’induction, les arbres sont plus petits de 15% que ceux qui n’ont pas été traités. En revanche, il n’y a aucun effet néfaste, et les mangues ne sont pas endommagées. Des manguiers qui sont arrosés au nitrate de potassium depuis plus de 30 ans produisent toujours.

Aïe, pas de brevet!

J’étais tellement content de cette découverte, qui pouvait être utilisée par n’importe quel cultivateur, que j’ai complètement oublié de la breveter. Jusqu’au jour où j’ai lu dans le journal que quelqu’un avait le brevet de l’induction de la floraison des manguiers par le nitrate de potassium. Je me suis dit : “Mais ce n’est pas possible! C’est moi qui ai fait cette découverte; toute la communauté scientifique sait que c’est moi qui l’ai faite; et voilà qu’elle a été brevetée!”

L’office des brevets m’a expliqué qu’il y avait bien eu une demande, mais qu’aucun brevet n’avait encore été délivré. Il m’a mis en contact avec un avocat qui m’a expliqué que si le brevet était accordé à ce déposant, l’invention ne m’appartiendrait plus. N’étant pas reconnu comme inventeur, je perdrais non seulement la reconnaissance officielle de la paternité de cette invention, mais aussi toutes les possibilités financières qui pouvaient en découler. Je lui ai demandé ce qu’il fallait faire, et il m’a répondu : “Nous déposons une demande de brevet et nous contestons l’autre.” J’avais heureusement des documents qui démontraient que j’étais bien l’inventeur. Nous avons donc suivi la procédure, et l’office m’a accordé le brevet.

Encourager l’inventivité

Je pense que la créativité est un talent naturel, mais aussi qu’on peut le développer. La créativité mène à l’invention. L’instinct de l’inventeur peut parfois être différent, mais l’important, c’est d’apprendre à suivre son instinct. Cela se fait, par exemple, dans le cadre d’une formation et d’une sensibilisation à l’importance de l’instinct créatif.

Pour moi, ça a commencé à l’école. Mes professeurs ne me félicitaient pas pour mes notes – peut‑être parce qu’elles n’étaient pas très bonnes – mais ils disaient : “Tiens, voilà une idée nouvelle!  Bravo!” ou bien “Ta démarche était très bonne!” Et c’est ce qui m’a encouragé à penser comme cela.

Si on vous dit que ce que vous faites est important, cela vous aide à continuer. Dans un pays qui offre de meilleures installations ou qui respecte plus l’innovation, vous aurez plus d’inspiration, et peut‑être obtiendrez‑vous des résultats plus rapidement. Aux Philippines, il faut se débattre beaucoup plus, ce qui fait que certaines personnes se découragent et ne réalisent jamais tout leur potentiel.

Les brevets, c’est excellent

J’ai appris qu’un brevet peut être très utile. Il protège vos droits et vous aide à mettre les avantages de votre invention à la disposition des autres. Il favorise l’inspiration, parce qu’il garantit qu’elle sera récompensée et reconnue. Aux Philippines, il faudrait que les gens soient mieux informés, plus éduqués en ce qui concerne les brevets. Si nos écoles pouvaient en faire un sujet enseigné dans les cours de sciences, ce serait un grand pas.

Je suis très fier d’avoir inventé la technique d’induction de la floraison par le nitrate de potassium. En tant que scientifique, j’estime qu’une technologie qui a un effet positif sur l’agriculture justifie toute une vie de recherche.”

Par Elizabeth March, La rédaction, Magazine de l OMPI, Division des communications et de la sensibilisation du public.
Remerciements : Jean‑Francois Arrou‑Vignod et Nicholas Hopkins‑Hall, Section multimédia de l’OMPI.

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