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Afrique de l'ouest : theSOFTtribe ouvre la voie dans le domaine technique

Mars 2005

“La technologie constitue pour l’Afrique le seul moyen de devenir riche. Nous ne sommes pas dotés d’une infrastructure appropriée et nous ne pouvons pas rivaliser en ce qui concerne la production... Mais si vous m’asseyez devant un ordinateur personnel et que vous me demandez de créer un logiciel pour un client chinois, je peux affronter pied à pied quiconque s’essaie à la même chose aux États-Unis d’Amérique” Hermann Chinery-Hesse1.

Ce sont les termes d’un fabricant de logiciels indépendant qui, au cours des 15 dernières années, a ouvert la voie dans le domaine des techniques de l’information au Ghana. Faisant fond sur cette expérience, M. Chinery-Hesse est devenu un fervent défenseur de la propriété intellectuelle en tant que moyen, pour les créateurs des pays en développement, de tirer parti

de leur créativité et de leur ingéniosité. Tout comme des milliers de délégués rassemblés à Accra en février à l’occasion de la Conférence régionale africaine de 2005 du Sommet mondial sur la société de l’information (WSIS), la Revue de l’OMPI a cherché à mieux connaître l’histoire de M. Chinery-Hesse.

L’histoire de theSOFTtribe

Hermann Chinery-Hesse n’est pas homme à reculer devant un défi. Il y a 15 ans, il a renoncé à sa confortable vie de développeur de logiciels à Londres pour prouver à ses amis sceptiques que ce qu’il avait toujours affirmé était vrai, c’est-à-dire que son pays, le Ghana, offrait des possibilités illimitées aux chefs d’entreprise ayant des idées commerciales novatrices.

Avec seulement quelques économies personnelles comme fonds de lancement, sans infrastructure et sans autre équipement que son vieil ordinateur, le jeune Hermann savait qu’il ne pourrait compter que sur ses seules ressources : sa détermination et son talent créateur. “Je savais que je n’étais pas un génie”, a déclaré M. Chinery-Hesse, “mais j’avais vu aux États-Unis d’Amérique comment il était possible de transformer une bonne idée en affaire rentable”. C’est ainsi qu’est née S.O.F.T. Company Ltd., alors que l’industrie ghanéenne du logiciel était inexistante.

Avec un seul progiciel qu’il avait mis au point lorsqu’il travaillait en qualité d’indépendant au Royaume-Uni, M. Chinery-Hesse décrocha son premier contrat avec une agence de voyages ghanéenne alors qu’il était encore en route pour Accra. Le paiement lui permit à lui et à son associé, Kojo Gyakye, d’acheter un deuxième ordinateur. Quand ils signèrent leur premier contrat portant sur une application réseau, ils ne possédaient aucun réseau sur lequel faire fonctionner ce programme. L’entreprise fit un bond en avant important lorsque la multinationale suisse Nestlé chargea S.O.F.T. de lui fournir un logiciel de gestion de la production pour ses activités au Ghana. M. Chinery-Hesse se souvient encore avec amusement de l’expression stupéfaite des responsables de Nestlé lorsqu’il se résolut à leur faire visiter les locaux de l’entreprise S.O.F.T. : deux bureaux dans sa chambre, chez ses parents. “Mais je ne prenais aucun risque”, rappelle-t-il. “Le projet était presque terminé et ils savaient qu’ils pouvaient nous faire confiance.”

Aujourd’hui, l’entreprise, rebaptisée theSOFTtribe, est le numéro un sur le marché au Ghana. Elle propose des systèmes notamment pour la gestion des feuilles de paie, la facturation des cybercafés, les réservations auprès des compagnies aériennes et l’établissement de billets, la gestion des fonds destinés aux micro-crédits et la gestion des plantations ainsi que des logiciels sur mesure tels que ceux qui ont été mis au point pour l’industrie forestière ghanéenne. Elle emploie plus de 70 personnes et détient la plus grande collection de programmes d’écriture de codes au Ghana non uniquement destinés à satisfaire la demande interne d’un seul organisme. Elle est au service de plus de 250 clients dont les plus grands sont des multinationales telles que Pepsi, Unilever et le géant pétrolier Total S.A. Elle exporte ses produits dans neuf pays de la région. Tout ceci a été réalisé sans emprunts. Un groupe international de placement prend actuellement une participation dans l’entreprise, ce qui amène M. Chinery-Hesse à souligner avec une fierté tout à fait légitime : “Tout ce que nous avons été en mesure de réaliser, [y compris attirer] des investisseurs internationaux, était fondé sur la création et la vente de notre propre propriété intellectuelle”.

Des solutions adaptées aux tropiques

En tant que jeune pousse africaine, theSOFTtribe devait persuader chaque client éventuel qu’elle représentait une meilleure solution que les célèbres concurrents internationaux. Sa stratégie consistait à offrir des systèmes spécifiquement conçus pour être davantage fiables dans l’environnement d’exploitation africain, et à assortir ces systèmes d’un service d’appui assuré par des professionnels, de meilleure qualité que celui qui était prévu par les concurrents.

La réussite de theSOFTtribe s’explique par le principe novateur au cœur de ses activités, à savoir adapter les logiciels aux tropiques. Ce principe est né de la conviction de M. Chinery-Hesse que l’Afrique peut “passer outre des décennies d’équipements obsolètes dans les télécommunications et l’informatique à condition qu’elle puisse utiliser des systèmes conçus pour fonctionner dans l’environnement africain”. Il explique comment les systèmes de theSOFTtribe permettent de travailler dans les conditions éprouvantes du monde en développement :

  • Des systèmes adaptés aux hommes. “La formation et les documents ne peuvent pas faire fond sur des connaissances antérieures ou des compétences informatiques. Le premier défi consiste donc à mettre au point un logiciel facile d’utilisation mais il faut aussi faire en sorte que la main-d’œuvre non qualifiée puisse entretenir le système. Un système adapté aux tropiques doit pouvoir fonctionner sans l’aide d’un administrateur de bases de données qualifié.”
  • Des systèmes adaptés aux communications. “En Afrique, on compte environ deux lignes téléphoniques principales pour 100 personnes. En général, les pays africains disposent pour l’Internet d’une largeur de bande totale inférieure à celle de la plupart des immeubles administratifs des États-Unis d’Amérique. Par conséquent, le système de logiciels doit être conçu pour pouvoir continuer à fonctionner lorsque les lignes téléphoniques tombent en panne. Étant donné le peu de largeur de bande disponible, les systèmes doivent aussi être économes eu égard à la quantité d’informations transmises.”
  • Des systèmes adaptés aux pannes de courant. “Au Ghana, il est fréquent d’avoir deux pannes de courant par semaine, d’une durée de plus de deux heures. Dans ce contexte, un système qui peut être rétabli immédiatement après une coupure de courant permettra d’économiser 13 jours d’immobilisation par an.”
  • Des systèmes adaptés à la situation financière. “Nos systèmes ne doivent pas coûter grand-chose et être à la fois efficaces et économiques. Ils doivent aussi être modulaires en ce sens qu’ils ne doivent pas être nécessairement installés en une fois mais plutôt au fur et à mesure que des capitaux sont disponibles à moyen ou long terme.”

Cette stratégie a porté ses fruits. L’entreprise a pu s’approprier de 60 à 70% de parts du marché, selon les estimations de M. Chinery-Hesse, face à certaines des entreprises les plus connues au monde. Pour des clients tels que la British High Commission à Accra, qui utilise le système de gestion des paies Akatua pour le personnel engagé localement, les raisons pour lesquelles le choix s’est porté sur le produit de theSOFTtribe sont claires : “Il répondait à notre attente et un service d’appui technique existait déjà au niveau local”, a déclaré l’administrateur du système.

“Tout ce que nous avons été en mesure de réaliser ... était fondé sur la création et la vente de notre propre propriété intellectuelle”.

Protéger la propriété intellectuelle

Au fur et à mesure qu’elle se développait, theSOFTtribe s’est efforcée de protéger au mieux et de développer ses actifs de propriété intellectuelle. Elle a observé que les structures de protection de la propriété intellectuelle, sous-développées au Ghana, avaient fait augmenter ses coûts de transaction. “Dans un pays pauvre comme celui-ci, la protection de la propriété intellectuelle est réduite au minimum et la copie illégale de logiciels est la norme”, a expliqué M. Chinery-Hesse. “Intenter des actions en justice à l’encontre des auteurs d’atteintes ne vaut pas la peine. Nous nous efforçons donc de protéger nos produits par des moyens techniques, par exemple en mettant au point des logiciels sur mesure difficiles à copier et ne pouvant être installés sans l’aide de theSOFTtribe. Mais plus nous nous développerons, plus nous aurons besoin de structures juridiques de propriété intellectuelle efficaces”.

Pour renforcer le côté caractéristique de sa marque, l’entreprise a changé de nom l’année dernière. L’ancien nom S.O.F.T. prêtait trop à confusion avec d’autres entreprises, produits et imitateurs, enregistrés - délibérément ou non - sous des variantes similaires. L’élément “soft” a été conservé et a été enrichi d’une connotation davantage africaine : c’est ainsi qu’est né le logo theSOFTtribe désormais bien en vue dans les bureaux et les hôtels au Ghana.

[insérer le logo theSOFTtribe]

“C’est l’avenir”

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Les cybercafés de BusyInternet affichent complet jour et nuit. TheSOFTtribe a mis au point le logiciel Limpopo, qui permet de gérer les comptes de Busy. (Photo BusyInternet)

M. Chinery-Hesse est catégorique : “L’expérience de l’industrie dans les pays occidentaux et dans les économies émergentes montre que la seule façon d’avancer pour le Ghana est de faire jouer la propriété intellectuelle en sa faveur. [Les techniques de l’information et de la communication] rendent ceci possible.”

Et le Ghana semble résolu à en faire une réalité. Le Président John Agyekum Kufuor a récemment lancé une politique de développement accéléré du Ghana par les techniques de l’information et de la communication. Dans son discours d’ouverture à la conférence WSIS, il a cité à titre d’exemple le Centre d’excellence Kofi Annan pour la technologie des communications et de l’information, qui, sur la base d’un partenariat entre le Ghana et l’Inde, est devenu un “formateur de formateurs” dans le domaine des techniques de l’information pour la sous-région de l’Afrique de l’Ouest (M. Chinery-Hesse fait partie du conseil d’administration du Centre.).

Pendant ce temps, BusyInternet, qui occupe le deuxième rôle dans l’histoire des techniques de l’information au Ghana, prospère. Considérée aujourd’hui comme le plus grand centre privé de techniques de l’information en Afrique “dont l’unique mission consiste à fournir à la fois des services commerciaux et un développement social”, cette coentreprise a été créée en 2001 par des investisseurs ghanéens et américains en vue de fournir une pépinière de petites entreprises et de pionniers du domaine technique, associée à une infrastructure de cafés Internet ouverts 24 heures sur 24, très populaires. Dans le cadre d’un partenariat mutuellement bénéfique, BusyInternet utilise les logiciels de theSOFTtribe. Environ 1800 personnes par jour utilisent les équipements mis à disposition par BusyInternet.

Les Ghanéens commencent à devenir réputés pour leur débrouillardise informatique, et le Ghana est parfois considéré par certains comme la future Silicon Valley de l’Afrique. Mais M. Chinery-Hesse rappelle qu’il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué : “Il est vrai que des cafés Internet fleurissent un peu partout. Mais utiliser l’Internet pour envoyer des messages électroniques à des membres de sa famille [à l’étranger] n’est pas ce que j’appellerais recourir à la technologie. Pour moi, l’Internet sert lorsqu’un professeur réputé à Accra donne une conférence qui peut être partagée par des milliers de personnes. Ou lorsqu’un fabricant de tambours de la brousse peut vendre ses tambours en ligne.”

À eux deux, theSOFTtribe et BusyInternet ont sans conteste mis le Ghana sur la scène africaine des techniques de l’information. Mais il faudra d’autres coentreprises avant que de réelles retombées, en termes de richesses et de création d’emplois, se fassent sentir sur le développement économique du Ghana. Selon M. Chinery-Hesse, certains facteurs gênent la croissance éventuelle d’entreprises souhaitant travailler dans le domaine des techniques de l’information et de la communication au Ghana. Il parle notamment d’un système d’éducation très théorique, d’un apprentissage fondé sur les faits plutôt que sur la recherche de renseignements (la première chose que fait theSOFTtribe avec ses nouvelles recrues, quels que soient leurs talents, c’est de les entraîner à penser de manière créative), d’une certaine répugnance à accorder des contrats relevant du domaine public à des entreprises locales par peur de s’aliéner les entreprises des pays donateurs, et d’une absence de crédit ou de réduction d’impôts qui permettrait aux entreprises de se développer sur les marchés d’exportation.

Le Ghana est l’un des cinq pays où l’OMPI mène actuellement un inventaire de propriété intellectuelle, qui vise à étudier l’utilisation de la propriété intellectuelle dans le pays et à évaluer ses avantages pour l’économie nationale. Les données ainsi collectées serviront à mettre au point une stratégie nationale de propriété intellectuelle, que le gouvernement pourra intégrer dans son plan de développement. L’OMPI fournit aussi un appui concret à l’informatisation de l’office national de propriété intellectuelle. Outre une plus grande efficacité, cette informatisation facilitera le recours aux techniques de l’information aux fins de la diffusion de l’information technique. L’année dernière, M. Chinery-Hesse a été nommé au conseil national de la propriété intellectuelle. Il s’emploie à mettre en exergue les mesures nécessaires pour mobiliser le potentiel économique pouvant servir aux entreprises faisant fond sur la propriété intellectuelle au Ghana. Et la Revue de l’OMPI se réjouit d’être le témoin de cette montée en puissance.

 

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1  Rapport du 3 juin 2003 de BBC News Online.

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